Les normes de qualité et de sécurité accrues dans les résidences privées pour aînés (RPA) n'ont pas que des effets heureux. Beaucoup de petites résidences se retirent du marché, au risque de pousser les prix à la hausse et de forcer des aînés à s'éloigner de leur milieu.

Les exigences de certification adoptées par Québec au milieu des années 2000 semblent avoir réellement contribué à la sécurité et la qualité des services, montre une étude publiée l'an dernier dans l'International Journal for Quality in Health Care. Gina Bravo, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, et ses collègues ont évalué des résidences privées durant deux périodes, de 1995 à 2000 puis de 2010 à 2012. Résultat? Les six aspects mesurés se sont améliorés, et la proportion de résidants recevant des soins non adéquats a diminué de plus de moitié (de 20,3% à 7,9%). De plus, la proportion des locataires qui recommanderaient leur établissement à d'autres est passée de 88% à près de 99%.

Beaucoup de petites résidences (neuf lits ou moins) ont cependant disparu dans la foulée. Lors de la première évaluation, près des trois quarts du parc des RPA étaient constitués de petites résidences. À la seconde, elles ne représentaient plus que le tiers de l'offre. «Bien que l'élimination des résidences sous-performantes soit souhaitable, la moins grande disponibilité de petites installations a des conséquences», soulignent les auteurs. Les aînés qui préfèrent un environnement de type plus familial et ceux qui habitent une région rurale où il n'est pas rentable d'ouvrir une grosse RPA sont particulièrement touchés par ces fermetures.

Depuis, la liste des obligations, justifiées mais coûteuses (mitigeurs à eau chaude, vérification des antécédents judiciaires du personnel, gicleurs, etc.), a continué de s'allonger. Et la concentration de s'intensifier. Même si le Québec compte 73 RPA de moins qu'il y a un an, le nombre total d'unités a encore augmenté, indiquent les chiffres du ministère de la Santé. Bref, la taille moyenne des RPA grossit.

Le problème, c'est qu'une chambre dans une grande RPA (90 unités ou plus) est généralement plus chère que dans une plus petite (10 à 49 unités): 284$ par mois en moyenne, signale le Réseau FADOQ. Une femme (environ 80% de la clientèle) dont le revenu disponible et le loyer correspondent à la moyenne engloutira près de 90% de ses revenus dans sa résidence, souligne l'organisme dans un rapport à paraître. Elle a beau être nourrie et blanchie, ça ne laisse pas une grande marge de manoeuvre pour les autres besoins.

Le Réseau FADOQ, qui défend la capacité de faire des choix des aînés, propose notamment d'augmenter l'offre de soins à domicile et de logements communautaires. C'est un début de réflexion. Chose certaine, avec le vieillissement et le peu d'épargne de la population, il va devenir urgent de trouver des solutions.

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