Après des années à ouvrir la voie et à dicter la cadence dans son secteur, le plus gros détaillant au monde doit maintenant s'adapter à la métamorphose de la consommation américaine. Un gros mandat pour son nouveau PDG.

Les ventes en magasin ont souffert des tempêtes hivernales et des compressions au programme fédéral de bons alimentaires, a reconnu Walmart vendredi dernier. Le bénéfice par action du quatrième trimestre et de l'année financière sera, au mieux, égal, et peut-être même inférieur, aux seuils annoncés en novembre.

Le VP des finances s'est chargé de l'annonce, évitant au PDG Doug McMillon, qui entrait officiellement en fonction le lendemain, de se présenter avec de mauvaises nouvelles. Il n'est pas tiré d'affaire pour autant.

Contrairement à ce qu'on a vu chez d'autres détaillants, la période des Fêtes a été plutôt positive pour Walmart. Mais devant la popularité grandissante du commerce en ligne, la société de Bentonville, Arkansas, est dans le même bateau que les autres chaînes. Elle va devoir ramer. Walmart a beau avoir beaucoup investi dans son site transactionnel, sur ce terrain-là, ce n'est pas elle qui écrit les règles du jeu. Elle s'efforce de surnager dans un courant de fond plus grand qu'elle.

L'élimination de 950 postes chez Best Buy et Future Shop au Canada la semaine dernière témoigne de la situation difficile dans laquelle se trouvent les chaînes qui ont basé leur développement sur l'exploitation de grandes surfaces. Les ventes en magasin diminuent, mais les coûts fixes demeurent. Pas facile, dans ces conditions, de rivaliser avec un concurrent comme Amazon, qui n'a pas à soutenir une telle structure. D'autant que vendre en ligne n'est pas gratuit. On n'a qu'à voir les derniers résultats d'Amazon, justement. L'entreprise de Seattle a raté la cible des analystes parce que ses coûts ont augmenté avec la clientèle.

La transformation des habitudes d'achat américaines est telle que Walmart ne peut plus se contenter des méthodes qui ont fait son succès. Elle doit repenser son approche comme si elle abordait un nouveau marché. Bonne nouvelle, le nouveau PDG était jusqu'à tout récemment le patron de Walmart International. Moins bonne nouvelle, la chaîne connaît toutes sortes de problèmes à l'étranger, notamment en Chine et au Brésil, où il a fermé 50 magasins.

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Un autre défi encore plus dérangeant se pose à Walmart: l'érosion du pouvoir d'achat d'une partie de sa clientèle américaine. Environ 20% de celle-ci dépend des fameux bons alimentaires, estiment les analystes. Pas étonnant que les compressions à ce programme aient un tel impact sur ses ventes.

Pour ce géant dont le modèle d'affaires repose sur la main-d'oeuvre à bon marché, c'est toute une leçon de vie. Walmart est en train d'apprendre à la dure ce qui arrive quand des citoyens n'ont pas assez d'argent pour être des consommateurs. Cette expérience l'incitera-t-elle à se remettre en question? C'est ce qu'il faudra voir.

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