Les marchés américains ont encore terminé la journée sur fond d'impasse budgétaire hier. Les principaux indices ont néanmoins tenu le coup, soutenus, comme à la fin de la semaine dernière, par l'imminence d'un déblocage. Souhaitons que cette fois soit la bonne, car il ne reste que deux jours pour relever le plafond de la dette. Et personne ne sait vraiment ce qui arrivera si les élus au Congrès n'arrivent pas à s'entendre.

Voilà maintenant plus de deux semaines que la machine fédérale est grippée de toutes parts par la fermeture de nombreux services. Une situation détestable qui entrave une foule d'activités, de la mise en marché des bières de saison à l'émission d'hypothèques agricoles, en passant par les prêts aux entreprises et l'accès aux parcs fédéraux. Très mauvais pour l'économie, d'autant que des entreprises privées et des services locaux ont aussi renvoyé des employés chez eux en attendant la reprise des activités gouvernementales. Ce n'est cependant pas le premier épisode du genre, et les États-Unis s'en sont toujours sortis.

Le plafond de la dette, c'est autre chose. Certes, républicains et démocrates ont déjà flirté avec le danger. Ils sont passés bien près de ne pas le relever à temps en 2011. Ils n'ont cependant pas osé franchir ce seuil fatidique qui mettrait l'État à risque de se retrouver en défaut de paiement. Impossible, donc, de dire ce qui se produira vraiment si les élus laissent passer la date butoir de jeudi sans autoriser une augmentation de la capacité d'emprunt.

D'aucuns soutiennent que ce ne serait pas la catastrophe annoncée, mais qu'y a-t-il à gagner à le vérifier? Même si l'effet immédiat n'est pas aussi dramatique qu'on le craint, la situation deviendra rapidement intenable, exigeant une résolution urgente. On y est déjà. Et ça n'a que trop duré, d'autant que ce relèvement périodique du plafond de la dette n'aurait dû être qu'une formalité.

Au moment d'écrire ces lignes, un accord semblait émerger au Sénat, augmentant la pression sur la Chambre des représentants. Une sortie de crise est donc envisageable, mais il ne serait pas étonnant que l'affaire traîne jusqu'à minuit moins cinq.

Au final, personne n'y aura gagné grand-chose. Les républicains radicaux, responsables du premier blocage qui laissait craindre le pire pour l'échéance du plafond de la dette, ont flatté leur électorat mais échoué à infléchir l'Obamacare. Et si les démocrates se réjouissent de la défaite du Parti républicain, ils ne sortent pas grandis de l'aventure.

Le bilan économique n'est pas plus glorieux. Au bout du compte, les États-Unis auront nui à leur croissance, menacé celle du reste du monde et affaibli leur crédibilité. Et tout ça pour quoi? Un énième compromis de dernière minute qui les empêche encore une fois d'entamer une véritable réforme budgétaire.

Jouer avec le feu est non seulement risqué, c'est aussi une activité totalement improductive.

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