Comment un samedi soir festif a-t-il pu virer en drame national? Les autorités brésiliennes devront expliquer comment les 232 morts dans l'incendie d'un club auraient pu être évitées.

Le bar Kiss de Santa Maria, dans le sud du pays, vient de ravir la troisième place au sinistre palmarès des incendies de lieux dansants. Détrônant le Rhythm Club de Natchez au Mississippi (207 morts en 1940), il arrive tout juste derrière une salle de danse de Luoyang, en Chine (309 morts en 2000).

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a déclaré trois jours de deuil après être rentrée en catastrophe d'un voyage officiel au Chili. Une centaine d'autres personnes seraient hospitalisées - environ 80 auraient subi de graves brûlures. Une virée du samedi soir ne devrait jamais se terminer de cette façon.

La sécurité des lieux semble avoir sérieusement fait défaut, si l'on en croit les témoignages qui ont commencé à circuler.

Un dispositif pyrotechnique utilisé par le groupe de musique sur scène aurait mis le feu au plafond, et les flammes se seraient propagées à toute vitesse. Les spectateurs, apparemment trop nombreux pour la capacité de l'établissement, n'auraient pas eu d'autre issue que la porte d'entrée.

Il faudra attendre les résultats de l'enquête pour savoir ce qui s'est réellement produit. Toutefois, les informations disponibles donnent à penser que des précautions élémentaires auraient pu éviter l'hécatombe ou, à tout le moins, en réduire l'ampleur.

Dans une ville comme Montréal, les bars-spectacles sont soumis à des exigences claires en matière de capacité d'accueil et d'issues de secours. Les établissements ne sont pas sous surveillance constante, mais ceux considérés plus à risque, notamment parce que le service de prévention des incendies y a constaté des lacunes, sont suivis de plus près. Et ceux qui veulent faire usage de pièces pyrotechniques doivent demander l'autorisation au service des incendies. Les normes en matière de construction des bâtiments ont aussi leur rôle à jouer.

Ces mesures n'offrent pas de garantie absolue, mais elles ont leur utilité. Montréal, qui ne manque pourtant pas d'endroits pour faire la fête, n'a rien vécu de tel depuis des décennies. Les 37 décès au Blue Bird, en 1972, sont dus à un incendie criminel. Le feu le plus meurtrier dans un lieu de divertissement (77 enfants morts dans le théâtre Laurier Palace) remonte à 1927.

Il est aujourd'hui de bon ton de dénoncer notre société «sclérosée», paralysée par une «réglementation trop rigide» et qui a «peur du risque». Il y a des normes et exigences dont on pourrait se passer, c'est certain. Mais il y en a d'autres qui, sous des dehors contraignants, peuvent faire la différence entre un samedi banal et un drame national.

Les propriétaires du Kiss vont devoir s'expliquer, mais les autorités brésiliennes auront aussi des comptes à rendre sur leurs exigences en matière de prévention des incendies.

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