Le jour n'est pas encore venu où les malades qui ont de la difficulté à voir un médecin pourront obtenir ou renouveler une ordonnance à la pharmacie du coin. Cela devrait toutefois être possible d'ici six mois.

À l'adoption de la loi permettant aux pharmaciens de poser des actes jusqu'ici réservés aux médecins, il y un an, les pharmaciens ont été inondés de demandes, témoigne la présidente de l'Ordre des pharmaciens. Malheureusement, ce nouveau guichet n'était pas encore ouvert. De toute évidence, il répondra à un besoin.

L'Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins ayant réussi à s'entendre, les règlements nécessaires à l'entrée en vigueur de la loi sont maintenant rédigés. Ils devraient être adoptés d'ici le début de l'été. Les pharmaciens pourront alors offrir de nouveaux services... s'ils réussissent à convenir de leurs honoraires avec Québec.

Ce point est déterminant. L'Alberta avait accordé des pouvoirs supplémentaires aux pharmaciens depuis plusieurs années, mais avant qu'elle ne les assortisse d'une rémunération supplémentaire, l'été dernier, une fraction seulement de ces professionnels avaient choisi de les exercer. Les bénéfices promis aux patients n'étaient pas au rendez-vous.

Les pharmaciens québécois pourront notamment prolonger une ordonnance lorsque le patient est stable, et prescrire une dizaine de médicaments pour des problèmes ne nécessitant pas de diagnostic, comme la nausée chez la femme enceinte. Ils pourront aussi ajuster des ordonnances et prescrire des analyses de labo à cet effet.

Les conflits d'intérêts devront toutefois faire l'objet d'une étroite surveillance. Contrairement aux médecins, qui n'ont pas le droit de vendre des médicaments, les pharmaciens-propriétaires toucheront des profits sur les molécules qu'ils prescrivent.

Le malade qui entre dans une pharmacie en quête de soulagement finit généralement, s'il n'a pas d'ordonnance, par acheter un produit en vente libre, lequel est souvent moins efficace, plaident les pharmaciens. Sans doute. Il faudra néanmoins s'assurer que les intérêts personnels du commerçant (la ristourne qu'il touche sur les médicaments génériques, les honoraires auxquels il aura droit s'il prescrit une molécule) n'influencent pas les recommandations du professionnel.

Le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens formeront un comité conjoint à cet effet. Cependant, il faudrait aussi que la RAMQ joue un rôle de surveillance et s'intéresse aux comportements des pharmaciens dans leur nouveau rôle de prescripteur.

Les visites médicales ainsi évitées suffiront-elles à financer les nouveaux honoraires des pharmaciens? Leur intervention en première ligne fera-t-elle augmenter la consommation de médicaments? Les changements annoncés pourraient avoir des répercussions importantes sur les coûts du système de santé. Québec devra suivre la situation de près, et s'ajuster au besoin.

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