Les informations qui commencent à filtrer en provenance de l'abattoir d'XL Foods sont inquiétantes. Qu'attend Ottawa pour annoncer une enquête indépendante?

Au moins 11 personnes infectées par la bactérie E. coli, des centaines de milliers de kilos de viande visés, un rappel qui s'élargit de jour en jour. Plus d'un mois après la découverte de lots contaminés en provenance du plus gros abattoir de boeuf au pays, le problème n'est pas encore réglé. Et on nous demande de faire confiance au système d'inspection? Un instant.

Les informations fournies jusqu'ici par l'entreprise et l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) n'ont rien de rassurant. Équipement mal entretenu. Analyses inadéquates. Mesures correctives insuffisantes. Formation déficiente. L'abattoir, de toute évidence, n'a pas fait son boulot.

Les inspecteurs fédéraux ont-ils fait le leur? Ce n'est pas l'ACIA qui nous le dira. Encore moins le ministre fédéral de l'Agriculture. Seul un enquêteur indépendant peut reconstituer toute l'histoire, et exiger les changements nécessaires. Ottawa doit en nommer un sans tarder.

La contamination a été signalée le 4 septembre. Neuf jours après, l'ACIA retirait à XL le droit de produire pour les États-Unis. Pour le marché canadien, l'interdit est arrivé deux semaines plus tard seulement, à la fermeture de l'usine.

Pourquoi un tel délai? Entre autres parce que XL a tardé à fournir l'information demandée dans un format adéquat, dit l'Agence. Le projet de loi S-11, qui doit revenir bientôt devant les Communes, donnera plus de pouvoirs aux inspecteurs gouvernementaux, promet le ministre Ritz.

Et c'est censé nous rassurer? L'ACIA avait six vétérinaires et 40 inspecteurs sur place. Que leur manquait-il d'autre pour faire leur travail? Encore là, ce n'est pas l'Agence qui nous le dira. Encore moins le ministre, surtout si son projet de loi ne prévoit rien pour y remédier. Un enquêteur indépendant, par contre....

L'inspection alimentaire, ne l'oublions pas, se concentre désormais sur des points critiques. Une approche défendable, à condition que l'entreprise remplisse sa part du contrat. Ce que n'a pas fait l'abattoir albertain. Il avait un bon plan de contrôle, mais ne l'a pas entièrement suivi, a découvert l'ACIA.

XL en paie aujourd'hui le prix. Mais elle n'est pas la seule. Au moins 11 personnes ont été malades. Des consommateurs ont dû jeter leur viande. Des employés sont sans travail. Des éleveurs doivent amener leurs bêtes plus loin.

L'usine rouvrira seulement quand elle sera sécuritaire, a promis le ministre. Ça ne suffit pas.

Le premier abattoir bovin au pays néglige la salubrité et l'ACIA n'y voit que du feu. Il faut que de la viande contaminée en sorte pour qu'elle s'en aperçoive. Comment est-ce possible? Et que faire pour que ça ne se produise pas ailleurs?

C'est qu'il faut déterminer pour rétablir la crédibilité du système.

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