La démographie et la concurrence extérieure exercent de grandes pressions sur Loto-Québec. Faut-il revoir nos attentes à l'égard cette société d'État? La réflexion s'impose.

Avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement et la nécessité d'un nouveau plan stratégique au printemps prochain, le sujet est inévitable.

La société d'État a versé 1,2 milliard de dollars de dividende au Trésor québécois au cours de la dernière année financière. Non sans effort.

Déjà il y a déjà deux ans, Loto-Québec notait que les adultes de moins de 35 ans achètent nettement moins de billets de loterie que leurs aînés. Les ventes de l'ensemble des loteries à tirage, dont celles des quatre plus importantes, ont d'ailleurs reculé l'an dernier.

À cela s'ajoute la concurrence en ligne, et pas seulement au poker. Des loteries étrangères dotées de prix alléchants gagnent en crédibilité, rapportait notre collègue Hélène Baril cette semaine. Leur popularité demeure limitée ici, nous dit Loto-Québec, mais ce sera à surveiller. On l'a vu dans plusieurs autres secteurs: les nouvelles habitudes de consommation sur l'internet se manifestent souvent plus tard au Québec.

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour le prochain ministre des Finances. Pourtant, c'est toute la population qui doit s'interroger.

On ne va pas se plaindre que les jeunes adultes boudent les «gratteux» ou la 6/49. Ni demander à Loto-Québec de les faire changer d'idée.

La société d'État a déjà une bonne présence sur le web avec espacejeux.com, où elle propose aussi bien du poker que des jeux de casino, des paris sportifs et de la loterie. Toutefois, contrairement à ses points de vente traditionnels, où elle a le monopole, Loto-Québec se trouve, dans l'internet, en concurrence avec des dizaines d'autres sites. Tant mieux si son offre lui permet de retenir une partie de sa clientèle. Mais encore là, on ne va pas lui demander de convertir davantage de Québécois au jeu en ligne pour remplacer ceux qui fréquentent des sites de l'extérieur.

Loto-Québec freine l'érosion de son mieux, mais sa capacité à générer de nouveaux revenus socialement acceptables est limitée. Témoin son incursion dans les casinos français: la valeur comptable de ses prêts dans Casinos Développement Europe et ses filiales a été dévaluée de 60 millions, ce qui l'a obligée à réduire son dividende de 4% (50,3 millions) l'an dernier. On comprend qu'elle n'ait pas d'autres projets du genre ailleurs dans le monde!

Les controverses des dernières années (nombre et emplacement des appareils de loterie vidéo, emplacement du Casino de Montréal, etc.) l'ont bien montré: les effets indésirables des jeux de hasard préoccupent les Québécois, et ils exigent une certaine retenue dans leur mise en marché. Sont-ils pour autant prêts à réduire leur propre dépendance envers cette importante source de revenus? C'est la question à laquelle ils devront bientôt répondre.

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