L'heure n'est plus au déni, mais aux plans de contingences. La zone euro doit tout mettre en oeuvre pour garder la Grèce dans ses rangs, mais elle doit aussi se préparer au pire.

Si le président grec échoue à son tour à former un gouvernement, le pays retournera en élections, probablement dès le mois prochain. De toute façon, peu importe qui finira par prendre la tête de ce pays, le problème reste entier.

La Grèce est sous perfusion. Si elle refuse d'appliquer les mesures convenues, elle se verra couper les vivres et sera rapidement incapable de faire face à ses obligations. La sortie de la zone euro sera alors inévitable, avec des conséquences désastreuses pour la population. La majorité en est bien consciente et souhaite continuer à faire partie des 17. Ce n'est pas parce qu'on refuse le remède qu'on est pour la maladie.

L'Europe a une bonne idée des conséquences immédiates de cette sortie pour elle. C'est l'ampleur de la réaction en chaîne subséquente qui imprévisible. Il est là le véritable danger. Un scénario si effrayant pour les leaders européens que jusqu'à tout récemment, ils ne voulaient même pas en entendre parler.

Les choses ont changé. Si tous espèrent encore que la Grèce accepte la marche à suivre qui lui est imposée, le résultat des élections de dimanche dernier, et la quasi-impossibilité de former un gouvernement obligent à regarder les choses en face. Malgré tous les efforts consentis de part et d'autre depuis deux ans, il est de plus en plus plausible que la Grèce tombe. Aux autres de ne pas se laisser entraîner dans sa chute.

La Banque centrale européenne (BCE), le fonds de stabilisation et le FMI devront être prêts à intervenir rapidement. Il faut pouvoir convaincre les marchés que la zone protégera ses autres maillons faibles, dont l'Espagne, le Portugal et l'Italie.

Dans un monde idéal, ces mécanismes tomberaient pile en place, assurant une transition aussi souple que possible. Dans l'état actuel des choses, ça ne se fera pas sans grincements. La BCE n'a pas la marge de manoeuvre nécessaire pour assumer les rôles que certains voudraient lui faire jouer, et les États accablés par la crise se feront sans doute tirer de l'oreille pour contribuer à l'effort de guerre.

Une répétition des scènes familières est à prévoir: pressions intenables des marchés, réunions d'urgence, déclarations rassurantes et ajustements à la marge. Répéter au besoin. Pour l'instant, l'Europe s'en est toujours sortie. Espérons qu'il en sera de même cette fois, bien qu'on aimerait que ça se fasse de façon moins dramatique. Mais c'est sans doute trop demander de chefs d'État qui, pour en arriver à parler d'une même voix, doivent envoyer des messages contradictoires afin de rassurer leur électorat.

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