Les annonceurs qui veulent vous suivre à la trace sur l'internet devront faire preuve de plus de transparence, et vous permettre de les semer, vient d'annoncer la commissaire à la protection de la vie privée du Canada. Les citoyens devront néanmoins rester vigilants.

«Les renseignements concernant la publicité comportementale en ligne ne devraient pas être camouflés», a souligné Jennifer Stoddart mardi.

Ce genre de publicité suit les activités des utilisateurs de l'internet pour pouvoir mieux les cerner et, ainsi, leur faire des offres plus susceptibles de les intéresser. C'est pourquoi on parle aussi de publicité fondée sur les intérêts. Certains apprécient, d'autre pas.

Si vous venez d'acheter un billet d'avion pour Barcelone, vous serez peut-être content de recevoir des suggestions de restos ou de sorties. Mais si vous avez cherché des renseignements sur les préarrangements funéraires, vous n'avez pas forcément envie d'être hanté par le sujet durant des semaines. Et la réclame qui vous connaît trop bien soulève des questions dérangeantes. Comment savent-ils? Que font-ils avec ces informations?

La pub comportementale est acceptable, mais à certaines conditions, dit la commissaire Stoddard. On ne vous demandera pas la permission de vous suivre sur chaque site, le consentement peut être implicite. Mais pour qu'il soit valable, vous devez être au courant. Il faut que l'information indiquant que vous êtes suivi soit bien en évidence sur le site, et que vous puissiez facilement refuser.

Les enfants, eux, ne doivent pas être épiés. Les technologies de suivi jugées trop difficiles à bloquer pour un utilisateur moyen sont aussi à proscrire.

L'efficacité de ces directives dépendra de la vigueur avec laquelle on les fera respecter. La commissaire peut traîner les contrevenants en Cour fédérale. Un site sur lequel elle a enquêté a préféré modifier ses politiques, annoncera-t-elle bientôt.

Voyant venir ces exigences, huit associations du secteur de la pub et du marketing ont décidé de s'autoréglementer. L'Association canadienne des annonceurs adoptera une icône développée au États-Unis: les visiteurs d'un site n'auront qu'à cliquer pour être informés sur la pub comportementale. Une campagne de promotion en ligne est prévue au printemps pour faire connaître cette icône - un «i» au milieu d'un triangle stylisé.

Reste à voir si ces mesures entraîneront de réels changements. Déjà, un conseiller juridique de l'Association canadienne du marketing a émis de sérieuses réserves sur les nouvelles directives qui, selon lui, ratissent trop large.

Quant à l'icône, elle a fait l'objet de vives critiques de groupes de défense des consommateurs et de la vie privée aux États-Unis. Elle ne suffit pas, selon eux, à faire prendre conscience de l'ampleur des données recueillies sur l'internet.

Les citoyens qui veulent naviguer en paix devront, pour un bon bout de temps encore, prendre eux-mêmes les précautions qui s'imposent.

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