Combien a coûté votre dernière visite à l'hôpital? La plupart des établissements sont incapables de le dire avec précision. Mais plusieurs commencent à s'organiser, devançant le ministère de la Santé (MSSS). Avec raison, car cette information est déterminante.

Vous opérer? Vous garder dans une chambre deux jours? La plupart des hôpitaux ignorent ce qu'il leur en coûte réellement pour rendre ces services. Ils auraient intérêt: s'ils sont particulièrement efficaces dans une intervention, ils pourraient en faire davantage, et recevoir plus de fonds. C'est le principe de «l'argent suit le patient».

Québec en parle depuis des années, mais l'argent continue à suivre une autre logique, fondée sur le volume historique des établissements. Un système qui a l'avantage d'être prévisible, mais ne récompense pas les gains de productivité.

Toutes les provinces fonctionnent de cette façon mais certaines, dont la Colombie-Britannique et l'Alberta, s'orientent clairement vers le financement par activité. Cette méthode pourrait bien se retrouver au coeur des discussions sur le renouvellement de l'accord fédéral-provincial sur la santé.

«Si on se met à jouer dans les formules, il y a des provinces qui sont mieux équipées que nous par rapport au prix de revient», souligne la directrice générale de l' l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESS), Lise Denis.

Plusieurs établissements, à Montréal et à Chicoutimi notamment, ont donc commencé à analyser leurs coûts d'eux-mêmes.

Québec utilise déjà le financement par activité pour certaines chirurgies et certains tests d'imagerie médicale. Le ministre de la Santé est ouvert, mais mesurer les activités est laborieux et doit être fait correctement, nous dit-on à son bureau.

Effectivement, le financement par activité a parfois des effets pervers. Les hôpitaux peuvent être tentés de privilégier les interventions plus lucratives au détriment d'autres, ou exagérer la gravité des cas pour toucher davantage. Et faire sortir les patients plus rapidement pour limiter les dépenses est une fausse bonne idée si le reste du réseau, notamment les soins à domicile, n'a pas la capacité de prendre le relai.

Cela dit, le système actuel a aussi son lot d'effets indésirables. La démarche mérite donc d'être entreprise - au moins dans sa première étape, qui consiste à déterminer les coûts réels des gestes posés. Cette information-là est indispensable pour voir si les choses ne pourraient pas être faites mieux, ou autrement. On sait déjà que certains secteurs, dont la recherche, devront continuer à être financés de manière traditionnelle. Pour d'autres activités, par contre, on pourrait trouver des idées intéressantes.

Tous les patients ont intérêt à ce qu'on développe des manières plus efficaces de soigner. C'est la seule façon de traiter plus de gens plus rapidement à l'intérieur des budgets existants.

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