La paralysie économique que les États-Unis redoutaient au soir du 11 septembre 2001 n'a pas eu lieu. Dix ans plus tard, par contre, on s'en approche dangereusement. La façon dont Washington a réagi aux événements n'est pas étrangère à cet état de fait.

Après avoir annoncé, le soir même de la tragédie, que l'économie serait «open for business» dès le lendemain, le président Bush revient à la charge neuf jours plus tard, pressant ses concitoyens de maintenir leur participation et leur confiance en l'économie. La semaine suivante, il enjoint à la population de continuer à prendre l'avion.

L'économie américaine, en ce début d'automne 2001, est plus fragile qu'il n'y paraît. Si on ne dispose pas encore de toutes les données confirmant qu'on est en récession depuis le printemps, il est évident que l'éclatement de la bulle techno a laissé des séquelles.

La catastrophe redoutée, on le sait aujourd'hui, n'a pas eu lieu. Pas cette fois. La croissance reprendra l'année suivante, les taux dérisoires de la Fed favorisant un essor immobilier stupéfiant. Le crédit à coût modique et la hausse de valeur des propriétés procureront aux Américains les liquidités nécessaires pour soutenir la consommation, dont dépend plus de 60% du PIB. Et il s'en trouve encore, au printemps 2008, pour saluer la résilience de l'économie...

Cela dit, rares sont ceux qui avaient prévu un réveil aussi brutal.

La débâcle de septembre 2008 tire-t-elle sa source des politiques adoptées sept ans plus tôt? Pour l'économiste Jeffrey Sachs, ça ne fait pas de doute. «C'est à ce moment-là que la Fed a ouvert les robinets monétaires pour essayer de contrer le ralentissement économique», dénonçait-il, déjà, en mars 2008.

La Fed, qui avait déjà réduit son principal taux directeur sept fois avant septembre 2001, a continué dans cette direction jusqu'en juin 2004. Sans parler de lien de cause à effet, il est évident que les conditions mises en place étaient hautement inflammables. La dérèglementation avait créé un climat propice, l'avidité du secteur financier a fourni l'étincelle.

À cela s'ajoutent les conflits irakien et afghan, qui ont détourné de précieuses ressources et coûté une fortune au Trésor américain. Les déficits, rappelons-le, n'ont pas commencé à l'arrivée d'Obama. Malgré la longue période d'effervescence qui a précédé la crise, les États-Unis n'ont pas enregistré de surplus depuis 2001.

Il serait trop facile, aujourd'hui, de prétendre savoir comment Washington aurait dû réagir au lendemain du 11-Septembre. Il n'existe pas de mode d'emploi pour répondre à des drames d'une telle ampleur. Souvenons-nous cependant que la peur d'avoir peur est toujours mauvaise conseillère. L'économie évolue en cycles, les périodes de croissance sont ponctuées de récessions. Prétendre les éviter est illusoire. Le marasme dans lequel nous nous débattons depuis 2008 montre ce qu'il en coûte de vivre sur du temps emprunté.

akrol@lapresse.ca

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