Pratiquement tous les Québécois trouvent dangereux de lire ou d'envoyer des textos en conduisant. Pourtant, un utilisateur de cellulaire sur six le fait. C'est encore pire pour les appels. Sommes-nous devenus moins intelligents que nos téléphones?

Contradictoires et portés sur l'autojustification. C'est l'impression qui se dégage des 1151 Québécois sondés au printemps pour la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). La SAAQ voulait connaître l'impact de ses premières publicités contre les textos au volant. Il en faudra bien davantage.

La pub télé, qui montrait une jeune femme provoquer une collision en répondant à un texto, a pourtant rejoint beaucoup de Québécois, montre le rapport. La sensibilisation, par contre, est encore beaucoup trop théorique.

Si seulement 17% des répondants possédant un cellulaire avouent lire ou écrire des messages texte au volant, plus de la moitié (53%) s'en servent pour parler. Ils ne sont pourtant que 20% à considérer que c'est peu ou pas dangereux. Quelle incohérence de la part des autres qui jugent la manoeuvre risquée, et s'y adonnent quand même!

Cela dit, la cohérence n'est pas non plus un gage de sécurité. Les gens ont tendance à minimiser les risques de leurs comportements. Ceux qui parlent au cellulaire en conduisant ont deux fois plus tendance à dire que c'est peu ou pas dangereux.

Il est tentant de relativiser le problème en présentant le sans-fil comme une distraction parmi tant d'autres. De fait, arbitrer les querelles d'enfants assis sur la banquette arrière, se maquiller ou même chercher une station de radio en conduisant n'aide pas à la concentration non plus. Sauf que le cellulaire se rajoute à tout ce qui existait déjà. Plus de sept ménages sur 10 en ont un, ce qui en fait une source de distraction beaucoup plus répandue que le tube de mascara ou les enfants en bas âge. Le nombre d'abonnés continue d'augmenter et la popularité des téléphones dits intelligents ne va pas aider. Entre le courriel, les applications et l'accès internet, leurs propriétaires ont de plus en plus d'occasions de pianoter sur leur appareil. Comment les dissuader de le faire en conduisant?

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Le défi est à la mesure de notre dépendance à ces technologies. C'est-à-dire considérable. Il y a à peine 15 ans, la plupart des automobilistes conduisaient sans communiquer avec l'extérieur puisqu'ils ne possédaient pas de téléphone mobile. Maintenant qu'ils en ont un, ils ont toutes les misères du monde à ne pas s'en servir. C'est quand même incroyable. Surtout que pour plus de la moitié d'entre eux, les appels et textos échangés sur la route sont personnels. Ça ne peut vraiment pas attendre?

«Ne laissez jamais votre téléphone vous conduire... si intelligent soit-il», dit la pub de la SAAQ. Joli, mais trop gentil. Lorsque vous textez au volant, seul votre téléphone est intelligent.

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