Vingt-cinq milliards US. C'est ce que vaudrait la société américaine Groupon, qui envisage d'entrer en Bourse au cours des prochains mois. Vingt-cinq milliards pour une entreprise fondée il y a à peine plus de deux ans, qui vend des bons d'achat à rabais sur internet? Brrrr! On a l'impression d'assister en direct à la formation de la prochaine bulle techno.

Vingt-cinq milliards US. C'est ce que vaudrait la société américaine Groupon, qui envisage d'entrer en Bourse au cours des prochains mois. Vingt-cinq milliards pour une entreprise fondée il y a à peine plus de deux ans, qui vend des bons d'achat à rabais sur internet? Brrrr! On a l'impression d'assister en direct à la formation de la prochaine bulle techno.

Facebook, que certains évaluent maintenant à 75 milliards, était déjà un sujet chaud dans les milieux financiers. Mais le cas de Groupon a allumé un feu de brousse. Ses échanges avec les banques en vue d'un premier appel public à l'épargne établiraient sa valeur entre 15 et 25 milliards, rapportait Bloomberg jeudi.

C'est quatre fois le prix que Google aurait offert pour l'acheter en décembre. C'est même davantage que la valeur attribuée à Google elle-même lors de son premier appel public à l'épargne (23 milliards US en 2004). Le marché est-il en train de devenir fou?

Cette crainte est loin d'être partagée par tous. Plusieurs des entreprises attendues en Bourse sont rentables, soulignent des spécialistes du capital de risque. Leurs revenus se mesurent en centaines de millions (LinkedIn, Groupon) ou dépassent le milliard (Facebook, Zynga.) Rien à voir avec les jeunes pousses, plus riches de rêves que de revenus, qui ont fait éclater la bulle techno en 2000. Sans oublier le potentiel commercial d'internet et du cellulaire, beaucoup plus vaste qu'il y 11 ans.

On doit toutefois s'interroger sur les perspectives de croissance. Cette lueur qui monte dans la nuit, est-ce une fusée ou un feu de Bengale?

Groupon n'est pas Google. Le groupe de Chicago n'a pas la profondeur technologique de son aîné californien. Son modèle est tellement simple qu'il ne pose pratiquement aucune barrière à l'entrée. Plusieurs concurrents, dont LivingSocial, soutenu par Amazon, se bousculent déjà dans ses plates-bandes.

Il est vrai que Groupon, avec ses 70 millions d'abonnés dans plus de 500 marchés, jouit d'une confortable avance. Mais il faut se demander combien de certificats pour une visite au spa il est possible de vendre dans une même ville. Quelle proportion de ses abonnés effectue réellement des achats, et à quelle fréquence. Combien continueront à ce rythme. Et à quel point la concurrence fera baisser la commission versée par les marchands.

Il faudra aussi voir quelles innovations Groupon nous réserve, en particulier avec la géolocalisation et la téléphonie mobile.

Comme le faisait remarquer récemment l'homme d'affaires américain Barry Diller, «tout l'argent qui se perdra sera perdu par des gens qui peuvent se le permettre». De fait, tant que ces entreprises internet ne seront pas cotées en Bourse, il n'y a pas de lieu de s'inquiéter pour l'argent des petits épargnants. Restons tout de même vigilants. Le danger d'une bulle, ce n'est pas qu'elle soit invisible. C'est que personne ne la reconnaisse lorsqu'elle prend forme.

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