Les arguments s'accumulent en faveur du développement, en priorité, de dossiers médicaux électroniques utilisables localement. Avons-nous fait fausse route avec le pharaonique dossier de santé du Québec (DSQ)?

Les arguments s'accumulent en faveur du développement, en priorité, de dossiers médicaux électroniques utilisables localement. Avons-nous fait fausse route avec le pharaonique dossier de santé du Québec (DSQ)?

Malgré les prétentions des gouvernements, qui engloutissent des fortunes dans le déploiement de technologies à grande échelle comme les dossiers de santé électroniques, le rapport coût-efficacité est loin d'être démontré, concluaient récemment des chercheurs britanniques dans la revue PLoS Medicine.

La perspective d'accéder instantanément aux renseignements de santé d'un patient de n'importe où au Québec, et même au Canada, est séduisante, on en convient. Un portrait complet, moins de risques d'erreur, pas besoin de répéter les tests diagnostics, bref des économies et de meilleurs soins.

On savait toutefois que cette architecture grandiose serait très difficile à faire lever de terre. Et pourtant, on s'y est jeté à corps perdu, gaspillant des ressources qui auraient mieux servi ailleurs. À l'informatisation des dossiers des patients, par exemple. Projet moins spectaculaire, mais dont on serait plus satisfait aujourd'hui.   

Ces dossiers offrent plusieurs avantages, et les médecins s'en servent, montre une enquête ontarienne récente. N'oublions pas que dans bien des cas, le besoin d'informations est très local. C'est pourquoi l'Alberta et les pays nordiques ont commencé par là. Et c'est ce que recommandait le rapport Castonguay.  

Hélas, le Canada est loin d'être un modèle. Seulement 37% de ses médecins utilisent des dossiers médicaux électroniques pour leurs patients, révélait le Fonds du Commonwealth en 2008. Pendant ce temps aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande et en Norvège, l'adhésion dépassait déjà 95%.

Les médecins oeuvrant dans un GMF y ont accès. Tous les patients hospitalisés au CHUS (Sherbrooke) ont un dossier clinique informatisé et d'autres établissements, comme le CHUM, sont bien engagés dans cette voie. Mais c'est loin d'être le cas partout. La vision tentaculaire du DSQ a primé sur les développements locaux.

Le ministère de la Santé, à sa décharge, a été entraîné par Ottawa, qui lui a offert plus de 300 millions pour participer à sa propre vision tentaculaire - un grand système de dossiers santé électroniques pancanadien. Chaque citoyen aura ainsi accès à son information de santé, peu importe où il se fait soigner au pays. Une capacité impressionnante, mais dont l'usage sera limité.

Inforoute Santé du Canada a finalement élargi ses horizons et offert de réaffecter une partie du financement aux dossiers patients électroniques locaux. Étonnamment, Québec a refusé.

Le DSQ, s'il aboutit, aura évidemment son utilité. Mais était-ce le projet à prioriser? On en doute de plus en plus. En particulier quand on regarde les résultats. Le ministre de la Santé a beau affirmer que ça avance, les dernières années nous ont surtout fourni des preuves du contraire.

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