Savez-vous quelles données personnelles sont recueillies lorsque vous surfez sur l'internet? Qui les achète, et à quelles fins? Vous pourriez être étonné.

C'est ce qui est arrivé à l'Américaine Ashley Haye-Beaty lorsqu'elle a permis au Wall Street Journal de fouiller dans son ordinateur. Son âge, son sexe, son lieu de résidence, ses films et séries télé préférés, son goût pour le showbiz et les jeux-questionnaires, toutes ces informations étaient rassemblées dans un minuscule fichier à des fins de revente.

L'existence des fichiers témoins (cookies) est bien connue. Mais leur usage s'est considérablement répandu et sophistiqué, montre le WSJ dans une captivante série publiée ces jours-ci. Les spécialistes du marketing internet et de la protection de la vie privée ne seront pas surpris. Toutefois, bien des consommateurs risquent d'être choqués par l'ampleur du phénomène.

Il faut se demander ce que le grand public penserait de ces pratiques s'il en connaissait l'étendue.

Le quotidien financier a testé les 50 sites américains les plus fréquentés. Chacun installait en moyenne une soixantaine de dispositifs permettant de suivre les activités de l'usager sur l'internet, et d'acheminer ces renseignements à des entreprises qui en font le commerce. Certains témoins se régénèrent d'eux-mêmes lorsqu'on les efface de l'ordinateur.

Les informations recueillies servent souvent à sélectionner, et à faire apparaître sur les sites, les pubs les plus susceptibles d'intéresser le visiteur. Cependant, les profils sont aussi vendus en bloc à des firmes intéressées par des types de consommateurs particuliers.

Ici comme chez nos voisins, l'industrie publicitaire se défend en disant que les données n'identifient pas la personne. L'anonymat des profils n'est cependant pas une garantie absolue. Des expériences menées aux États-Unis ont permis de retrouver des individus précis dans des banques anonymisées.

C'est inquiétant, car certains sites recueillent des données très délicates. Une firme spécialisée dans la santé a indiqué au WSJ qu'elle ne permet pas aux annonceurs de pister les simples citoyens qui font des recherches sur le VIH/sida ou les MTS, mais qu'elle les laisse suivre ceux qui s'informent sur la maniacodépression ou l'anxiété. On imagine l'intérêt pour les assureurs, les employeurs ou les sociétés qui vendent des dossiers de crédit.

En principe, les lois québécoise et canadienne sur la protection des renseignements personnels nous protègent contre de telles pratiques. Sauf que ce genre d'abus est bien difficile à prévenir. La firme qui s'y risquerait pourrait faire beaucoup de dégât avant d'être interceptée.

La commissaire fédérale à la protection de la vie privée a tenu des consultations récemment sur le sujet, en vue du prochain examen parlementaire de la Loi sur la protection des renseignements personnels. L'exercice lui servira aussi à trouver de nouvelles façons d'informer et de sensibiliser le public.

Bonne idée. Il y a un énorme travail de sensibilisation à faire si l'on veut que la population puisse exprimer une opinion éclairée sur ces enjeux.

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