Bonne nouvelle, le bilan routier des vacances de la construction est le meilleur des dernières années. Conséquence imprévue de tous ces chantiers, qui forcent les automobilistes à ralentir? Peut-être. L'Ontario, elle, a préféré une stratégie à long terme: tolérance zéro pour les 21 ans et moins. Une mesure radicale dont il sera important d'évaluer l'impact.

Depuis hier, le jeune de moins de 22 ans qui prend le volant en Ontario ne doit pas avoir de traces d'alcool dans le sang. Si l'alcootest montre le contraire, il perd son permis durant 24h et le verra suspendu un mois supplémentaire s'il est reconnu coupable, en plus de s'exposer à une amende.

Au Québec, la tolérance zéro s'applique seulement aux détenteurs de permis d'apprenti et de permis probatoire. Ceux qui commencent leur apprentissage assez tôt peuvent donc s'en affranchir avant leur 20e anniversaire. Les Ontariens, eux, doivent patienter jusqu'à 22 ans, sans égard à leur expérience.

L'esprit des deux lois est cependant le même: dissuader les jeunes de prendre le volant après avoir bu afin d'améliorer le bilan routier. Lequel, on le sait, n'est pas reluisant. Sur 1000 détenteurs de permis de 20 à 24 ans, 34 ont été impliqués dans des accidents avec dommages corporels l'an dernier au Québec. La fréquence grimpe à 42 chez les 16-19 ans. C'est, respectivement, trois et quatre fois plus que les 35-44 ans - et encore davantage que les conducteurs plus âgés.

Pour endiguer l'hécatombe, l'Ontario a décidé de miser sur la sobriété prolongée. Mais son travail ne fait que commencer. Imaginer une législation, c'est la partie facile. Le vrai défi, c'est d'en trouver une qui fonctionne. Et dans ce cas-ci, ça reste à démontrer.

Il est plausible que les jeunes conducteurs, n'ayant pas encore acquis ces réflexes qui compensent un peu les distractions, soient plus affectés par l'alcool. Leur demander d'acquérir ces réflexes à jeun n'est pas une mauvaise idée.

Ce qu'on ne sait pas, et qu'il sera essentiel de vérifier, c'est si ce régime sec améliorera réellement le bilan routier. Car l'alcool au volant n'est pas un problème aussi uniforme qu'on voudrait le croire.

Les statistiques sur les conducteurs morts au Québec nous montrent que les 20-34 ans dépassent plus souvent le 0,08. Mais elles nous disent aussi que plus de la moitié des 16-19 ans (les plus dangereux, rappelons-le) meurent sans une goutte d'alcool dans le sang. Ils sont donc aussi sobres que les 45-54 ans, et presque autant que les 35-44 ans.

L'alcool, comme on le voit, est donc loin d'être le seul responsable. La vitesse joue aussi un rôle important, tout comme l'expérience, seule ou combinée à un autre facteur. Il faudrait aussi s'interroger sur l'impact des drogues, qui est très mal documenté.

Ces facteurs sont beaucoup plus difficiles à contrôler par des lois. Mais si on prétend vouloir sauver des vies, on ne peut les ignorer. Si la sobriété ne donne pas de résultats, il faudra bien s'y attaquer.

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