Banale, la chirurgie esthétique? D'un point de vue médical, non, mais dans l'esprit du public, de plus en plus. Pourtant, même si la liposuccion ou la pose d'implants mammaires n'a plus rien d'exotique, ces interventions comportent leur part de risques. Ceux qui souhaitent s'en prévaloir doivent en être conscients, car il faudra du temps avant que ce champ d'activité soit mieux contrôlé.

Banale, la chirurgie esthétique? D'un point de vue médical, non, mais dans l'esprit du public, de plus en plus. Pourtant, même si la liposuccion ou la pose d'implants mammaires n'a plus rien d'exotique, ces interventions comportent leur part de risques. Ceux qui souhaitent s'en prévaloir doivent en être conscients, car il faudra du temps avant que ce champ d'activité soit mieux contrôlé.

Pour l'instant, la médecine et la chirurgie esthétiques prospèrent en zone grise. Les techniques se multiplient, le nombre de médecins qui souhaitent s'y adonner aussi. Toutefois, les formations agréées sont rares. L'apprentissage se fait le plus souvent auprès des fournisseurs de produits ou d'appareils, souligne le Collège des médecins du Québec dans un rapport publié hier. Faut-il s'étonner que les plaintes des clients augmentent également?

«Il y a des patients qui ont subi des préjudices consécutifs au fait que des médecins avaient effectué des interventions dépassant leur niveau de compétence», reconnaît le Collège. Faut-il interdire à des omnipraticiens de poser des actes pour lesquels ils n'ont reçu qu'une brève formation et qui, surtout, diffèrent de leur pratique habituelle? Le Collège ne va pas jusque-là, mais s'engage à produire un guide stipulant la formation requise pour chaque activité.

Ce document, tout comme la plupart des mesures annoncées hier, devrait être mis en vigueur au cours de la prochaine année. Les exigences imposées par Québec aux centres médicaux spécialisés (permis, agrément, directeur médical responsable) contribueront aussi à la protection des patients.

On aurait souhaité des resserrements immédiats, mais sans vue d'ensemble, c'est difficile. On n'a pas de portrait québécois des complications, ni même des interventions offertes ou de ceux qui les pratiquent. Impossible, dans ces conditions, de savoir ce qui pose réellement problème. Il se peut, par exemple, que les opérations ratées ne représentent qu'une fraction des plaintes, et que la majorité viennent plutôt d'un manque d'information quant aux résultats et aux conséquences des interventions. Deux situations qui nécessiteraient des mesures très différentes.

Le Collège s'engage aussi à donner plus d'information au public, notamment sur les recours en cas de complications. Ce volet sera déterminant. Le client victime d'une intervention esthétique qui a mal tourné peut hésiter à porter plainte. Il est pourtant essentiel qu'il le fasse pour pouvoir améliorer les pratiques.

Finalement, il sera important que le Collège ne donne pas l'impression de faire passer les intérêts de ses membres avant ceux des patients. Même s'il est question d'actes non médicalement requis effectués dans le privé, son mandat de protection du public s'applique toujours. S'il apparaît que certaines interventions, pour des raisons de sécurité, doivent être réservées aux médecins spécialistes, le Collège devra le faire. Même si cela prive ses membres généralistes de revenus d'appoint

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