Oubliez les sportifs dopés et les starlettes anorexiques. Cette semaine, c'est par la communauté scientifique que le scandale arrive. Les chercheurs qui ont vu leur correspondance étalée sur l'internet ont de quoi être embarrassés. Mais on y cherchera en vain de quoi renverser le consensus sur les changements climatiques.

Que nous apprennent ces courriels? D'abord que les auteurs du très sérieux Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ne sont pas des purs esprits. Ils se méfient de leurs collègues et sont obsédés par les sceptiques qui nient l'influence de l'être humain sur les changements climatiques. Ils ne se gênent pas pour les traiter d'idiots.

 

Ces échanges, ne l'oublions pas, s'adressaient à un cercle restreint, dont ils n'auraient jamais dû sortir. On ne peut donc pas parler de diffamation, ni même de manque de respect. Que celui qui ne rougirait pas de voir le contenu de sa boîte de courriels déversé sur internet leur jette la première pierre.

Ces éminents spécialistes causent aussi, et surtout, de science. C'est sur ce terrain que leurs opposants les attaquent... avec une honnêteté toute relative. L'un des passages les plus souvent cités montre un chercheur proposant à ses collègues de boycotter une publication scientifique qui a accepté un papier contraire à leurs vues. Les sceptiques, évidemment, crient au complot. On leur a toujours reproché de ne pas publier assez de «vrais» articles scientifiques évalués par les pairs. Voilà la preuve, selon eux, qu'on les en a empêchés. Sauf que cette théorie ne résiste pas à la lecture intégrale du courriel. Le chercheur s'y dit convaincu que si l'article auquel il s'oppose a réussi à franchir l'étape du comité de lecture, c'est que celui-ci a été noyauté par des sceptiques. D'où son intention de boycotter la publication. Parano? Peut-être. Mais pas manipulateur comme on essaie de nous le faire croire.

D'autres extraits, toutefois, gagneraient à être éclaircis. En particulier ceux qui évoquent le traitement statistique des résultats et le refus de partager des données. Plusieurs spécialistes ont pris la défense de leurs auteurs, mais ceux-ci auraient intérêt à s'expliquer publiquement, et dans un langage compréhensible du grand public. Car ces passages ambigus ne minent pas seulement la crédibilité de leurs travaux. Ils alimentent la méfiance à l'égard de toute la science.

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Ce pseudo-scandale réjouit les sceptiques et ceux qui redoutent les efforts de réduction des gaz à effet de serre. Mais elles ne changent rien à la réalité des changements climatiques. Le coulage de ces documents ne provoquera pas de revirement d'opinion. Il doit toutefois être pris très au sérieux.

La police britannique a ouvert une enquête. Qu'elle aille jusqu'au bout. Ceux qui ont volé et diffusé ces informations à la veille de la conférence de Copenhague savaient exactement ce qu'ils faisaient.

 

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