Les nouveaux fournisseurs de téléphonie cellulaire, comme Vidéotron, n'ont pas encore commencé à offrir leurs services mais déjà, la dynamique du marché commence à changer. Les consommateurs vont enfin avoir accès à des offres plus intéressantes... à condition de ne pas être menottés par un contrat.

Ottawa, comme on le sait, a récemment vendu de la capacité de transmission supplémentaire - du spectre, dans le jargon des télécoms. Les achats des nouveaux venus, comme Quebecor Média et Globalive, suscitent beaucoup d'espoir. Le Canada est l'un des pays au monde où le sans-fil coûte le plus cher, une gracieuseté du triumvirat Bell-Rogers-Telus. Il est temps que d'autres fournisseurs viennent leur tenir tête.

 

Ces nouveaux concurrents ne sont pas encore prêts à passer à l'attaque. Ils doivent d'abord développer leurs réseaux de transmission et de vente. Mais déjà, ils changent la donne. Prévoyant que la concurrence va s'intensifier, l'agence de notation Moody's a revu les perspectives du secteur à la baisse. Et les fournisseurs établis ont commencé à faire des offres plus alléchantes. «C'est devenu un marché d'acheteurs, avant même l'arrivée des nouveaux acteurs, et ça va l'être encore plus quand ils seront là», souligne l'analyste Amit Kaminer, de la firme SeaBoard Group. À terme, les tarifs devraient se rapprocher de ceux pratiqués aux États-Unis - on commence à le voir pour les données, moins pour la voix. Ce ne sera pas aussi abordable qu'en Europe, mais ce serait déjà un progrès. La facture mensuelle moyenne est 11% plus élevée au Canada - environ 58$ par abonné et 52$ chez nos voisins.

On aimerait surtout que les nouveaux arrivants donnent un bon coup de pied dans la fourmilière, et remettent en question certaines pratiques détestables comme les frais de réseau et d'activation, ou répondent à des besoins dont personne ne se soucie pour l'instant. C'est ce que pourrait faire Globalive, que plusieurs comparent à l'américaine Metro PCS. Metro offre notamment les appels locaux illimités pour 30$ par mois sans frais d'activation ni contrat. On ne sait pas si Globalive viendra sur le marché québécois, mais Vidéotron a prouvé, avec la téléphonie locale, qu'il pouvait constituer une option digne d'intérêt.

Hélas, ce n'est pas demain qu'on pourra comparer les offres. La crise du crédit pourrait même retarder l'arrivée des nouveaux venus, qui auront de la difficulté à trouver des fonds pour implanter leurs réseaux. Même sans contretemps, Globalive n'entrera pas en service avant l'été 2009. Pour Quebecor, ce sera à l'automne, ou peut-être même en 2010. D'ici là, les entreprises établies feront des pieds et des mains pour faire signer des contrats aussi longs que possible. Pour bénéficier des meilleures offres, les consommateurs devront s'engager pour trois ans. Lorsque les nouveaux fournisseurs arriveront avec des ententes encore plus avantageuses, ils ne pourront pas en profiter.

Après des années de frustration, les Canadiens devraient bientôt avoir accès à des forfaits cellulaires plus attrayants... à condition de ne pas avoir un fil attaché à la patte.

akrol@lapresse.ca

 

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