Hélas, le dossier du retour des cours d'éducation à la sexualité dans les écoles n'est pas clos.

On entend encore des plaintes et des récriminations, alors que l'implantation au Québec devrait être dans sa phase finale.

Ce n'est pas étonnant. Mais c'est tout de même désolant.

Parce que la majorité des parents du Québec ont compris depuis longtemps que le retour de cette formation est nécessaire. C'est d'autant plus évident dans la foulée des dénonciations de violences sexuelles qui se multiplient et qui prouvent qu'on doit - notamment - parler de consentement à nos jeunes.

On ne sait même pas si on réussira à implanter le programme dans la quasi-totalité des écoles d'ici la fin de l'année scolaire. Le Journal de Montréal faisait état récemment de « boycottage de profs », de directeurs d'école « qui s'arrachent les cheveux » et de « parents agressifs » qui ne veulent pas de ces cours.

Permettez-nous ici d'ouvrir une courte parenthèse au sujet de ces parents : ne réalisent-ils pas que ce que leurs enfants trouveront sur le web sera pas mal moins éducatif et inoffensif que ce qu'ils vont apprendre à l'école ? La rédactrice en chef du magazine Curium posait une question pertinente dans nos pages il y a quelques mois : « Seriez-vous prêts à confier l'éducation sexuelle de vos enfants à l'industrie pornographique ? » Car cette industrie, incontestablement, a nos adolescents dans sa ligne de mire.

Refermons la parenthèse.

Et méditons un petit moment sur l'importance pour tous les acteurs du milieu de l'éducation de se solidariser pour contribuer au succès des nouveaux cours d'éducation à la sexualité.

Un échec serait intolérable. Pire : injustifiable.

Pourtant, des échos en provenance des directions d'école laissent entendre que la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) leur met des bâtons dans les roues. Que des appels au boycottage ont été lancés.

La FAE a soutenu que certaines directions ont forcé des enseignants à offrir cette formation, ce qui n'est pas conforme à ce que Québec recommande. En réaction, le nouveau ministre de l'Éducation a pris soin de préciser dans une lettre - le 12 décembre dernier - que les cours doivent être offerts « soit par l'équipe-école sur une base volontaire, ou par le biais de services d'organismes ou de ressources externes qualifiés ». Ça a le mérite d'être clair. Que des enseignants ne se sentent pas assez à l'aise pour offrir cette formation est parfaitement normal et acceptable.

Mais si les responsables de la FAE sont de bonne foi, ils auraient avantage à envoyer un message tout aussi clair à leurs membres : personne ne devrait bannir cette nouvelle formation puisqu'il est maintenant clair qu'il n'y aura pas de tordage de bras dans les écoles.

On sait que la FAE aurait souhaité « un véritable cours dans la grille-matière ». Il n'est pas dit que la chose ne devrait pas être discutée pour l'avenir.

Mais l'urgence est d'abord de réussir à implanter le programme promis. Des ajustements et des améliorations pourront être envisagés par la suite.

Le milieu communautaire l'a compris. Ses acteurs voudraient plus de ressources pour donner un coup de pouce aux écoles - en offrant l'aide de sexologues, par exemple, qui peuvent offrir la formation ou accompagner les enseignants. Mais ça ne les empêche pas, en attendant, de déployer des efforts pour que la formation soit un succès.

Le ministre lui-même a dit souhaiter l'embauche de plus de sexologues dans les écoles. Mais attendre ces renforts pour éduquer nos enfants à la sexualité ne serait pas raisonnable.

Il faut d'ailleurs saluer l'attitude du nouveau ministre dans ce dossier. Il fait preuve d'un sain pragmatisme et semble à l'écoute du milieu. Il a même retiré une épine du pied des écoles en s'engageant à répondre aux parents qui voudraient mettre leurs enfants à l'abri de cette formation. Il a visiblement compris qu'il en va de l'intérêt de nos enfants.

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