Emmanuel Macron n'est pas le président des riches et il veut que vous le sachiez.

Il a tout fait hier pour se débarrasser de cette image de politicien arrogant et déconnecté qui lui colle à la peau depuis plusieurs mois.

Son allocution était cruciale. Il devait convaincre les Français indignés - en particulier ceux qui descendent désormais dans la rue chaque semaine - que l'heure est venue de se défaire de leurs gilets jaunes.

Aura-t-il réussi à acheter la paix sociale ? On le saura bien assez vite. Mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir essayé.

D'ailleurs, il est clair que le président français a appris de ses (nombreuses) erreurs. Il était hier tout le contraire du dirigeant insensible qui a déjà affirmé que l'État « met trop de pognon » dans les aides sociales et « déresponsabilise » les moins nantis.

Il a plutôt dit comprendre « la colère » et « la détresse » des Français. Il a fait son mea-culpa en promettant du changement. Il a notamment annoncé une série de mesures ciblant surtout les classes moyennes et populaires. Les Français payés au salaire minimum et les aînés les plus pauvres, par exemple, bénéficieront d'aides ciblées.

Des mesures significatives, qui s'ajoutent au gel de la taxe sur le carburant, annoncé la semaine dernière. Cela n'avait pas été suffisant pour calmer la colère des gilets jaunes.

Mais le président français est allé encore plus loin en décrétant un « état d'urgence économique et social ». Il a promis, pour y faire face, « un nouveau contrat pour la nation » à l'issue d'un débat de trois mois. « Toutes les questions essentielles » devraient y être abordées, incluant la question de l'immigration et celle de la représentation politique.

« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies », a déclaré Emmanuel Macron. Méchant contrat !

On peut d'ailleurs se demander si le président français, avec cette déclaration, n'a pas encore une fois mis la barre un peu trop haut. Car n'est-ce pas déjà, en partie, ce qui explique la désaffection des Français à son égard : le fait que les espoirs étaient trop élevés à la suite de son élection ? Ce président jeune et dynamique avait donné l'impression qu'il était un héros ayant su convaincre les Français de ne pas basculer dans le camp de l'extrême droite. Qu'il était, aussi, le seul capable de moderniser le modèle français.

N'avait-il pas lui-même insinué qu'il allait être un président « jupitérien », faisant référence au roi des dieux, Jupiter ? On a même cru, momentanément, qu'il était le sauveur de l'Europe et que son alliance avec l'Allemande Angela Merkel se voulait l'un des derniers remparts des démocraties libérales.

Comme ces espoirs, aujourd'hui, peuvent sembler naïfs...

Emmanuel Macron n'est qu'un simple mortel. Un politicien qui a jusqu'ici dirigé son pays d'une façon beaucoup plus traditionnelle que ce qui avait été envisagé, en se souciant trop peu du sort de ceux qui tirent le diable par la queue.

Il vient de promettre un changement de cap. Voyons s'il y parviendra... Mais, d'abord, voyons si une majorité de Français acceptera de lui donner une deuxième chance.

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