Quel affront, quand on y pense !

En début d'année, le gouvernement canadien a annoncé la levée des sanctions à l'égard de l'Iran. Objectif : rétablir des relations diplomatiques avec un pays qui a décidé de rompre son isolement sur la scène internationale en signant un accord historique sur son programme nucléaire en 2015.

On aurait voulu sentir un certain enthousiasme de la part des autorités iraniennes face à l'ouverture d'Ottawa. C'est plutôt une gifle qui a été administrée au gouvernement canadien.

En mars, alors même qu'Ottawa disait publiquement vouloir renouer avec le régime des mollahs, la Montréalaise d'origine iranienne Homa Hoodfar était arrêtée une première fois par ce même régime. Puis, en juin, elle se retrouvait derrière les barreaux pour des raisons qui demeurent aussi mystérieuses qu'injustifiables.

Cette professeure émérite de l'Université Concordia a été hospitalisée le mois dernier, a-t-on appris cette semaine. Elle avait du mal à marcher et à parler, a rapporté sa famille. Sa santé était fragile avant même son emprisonnement. Et on se doute que ses conditions de détention laissent à désirer. La prison où elle se trouve, Evin, a déjà été qualifiée d'enfer.

Les relations entre le Canada et l'Iran s'étaient détériorées sous la gouverne de Stephen Harper. En 2012, ce dernier avait coupé les ponts avec les Iraniens. Il avait fermé notre ambassade là-bas et expulsé les diplomates iraniens du Canada.

À l'opposé, le ministre libéral des Affaires étrangères, Stéphane Dion, n'a pas perdu de temps après sa nomination pour tendre la main aux dirigeants iraniens. C'était, à l'époque, la chose à faire.

« Nous allons rétablir des relations diplomatiques avec l'Iran étape par étape, les yeux grands ouverts, car nous continuons d'avoir de graves inquiétudes sur les droits [de la personne] en Iran et le rôle que l'Iran joue dans la région », avait dit le ministre en février. Il avait raison de s'inquiéter et de demeurer sur ses gardes.

On sait à quel point les jeux de pouvoir à Téhéran sont complexes. On sait que les politiciens ultraconservateurs - qui semblent être derrière l'arrestation de l'enseignante - veulent en découdre avec leurs rivaux (un brin) plus modérés, dont le président Hassan Rohani.

N'empêche, dans les circonstances, mettre en prison Homa Hoodfar est un geste odieux qui rappelle à quel point certains membres du régime sont particulièrement retors.

Tant Québec qu'Ottawa ont fait part de leurs vives préoccupations quant au sort de la Montréalaise de 65 ans. Le gouvernement fédéral demeure discret dans ce dossier, mais dit travailler avec ses alliés pour qu'elle « soit libérée ». Il doit faire preuve de fermeté.

Le régime iranien doit libérer Homa Hoodfar maintenant.

L'Iran a beaucoup à gagner d'une normalisation des relations avec le Canada. Le gouvernement fédéral peut - et doit - faire comprendre aux Iraniens que la vitesse à laquelle sera mené ce processus, notamment sur le plan commercial, dépendra du sort qu'ils réservent à Homa Hoodfar.

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