Il y a deux ans, le président et chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, a prononcé un discours inspirant lors de la cérémonie de collation des grades à l'Université d'Ottawa. Il a expliqué aux étudiants à quel point faire preuve de courage est, dans la vie, crucial.

Ce gestionnaire a entre autres soutenu qu'il faut avoir « le courage d'admettre [ses] erreurs, d'éviter la tentation de se cacher, ainsi que de corriger les choses, assez tôt et rapidement ».

Paradoxalement, la semaine dernière, ce même Calin Rovinescu s'est présenté devant le comité des langues officielles de la Chambre des communes pour justifier le fait qu'Air Canada n'a jamais voulu prendre son courage à deux mains en matière de bilinguisme.

Rappelons que le commissaire aux langues officielles avait déposé quelques jours auparavant un rapport spécial au Parlement déplorant l'attitude d'Air Canada par rapport au bilinguisme.

Cette initiative de Graham Fraser survenait après « des centaines d'enquêtes et de recommandations » de sa part et de celle de ces prédécesseurs sur Air Canada, pendant plus de quatre décennies. Interventions qui « n'ont pas donné les résultats souhaités », a-t-il précisé.

D'où l'idée de ce rapport, qui exhorte les députés fédéraux à légiférer pour doter le commissariat aux langues officielles d'un « mécanisme d'exécution efficace ».

Plusieurs pistes de solutions sont proposées à cet effet. Le gouvernement fédéral pourrait notamment offrir au commissaire la possibilité de conclure des accords de conformité lui permettant, si une de ces ententes n'est pas respectée, de demander à la Cour fédérale d'obliger une organisation (comme Air Canada) à agir. On pourrait aussi lui permettre d'imposer des sanctions financières en cas d'infractions à la Loi sur les langues officielles. Ou trouver un autre système pour pénaliser des infractions. Des amendes, par exemple.

Il est impératif pour les députés fédéraux de se pencher sur ces recommandations « de toute urgence », a écrit le commissaire. Avec raison.

Car le passage de Calin Rovinescu devant le comité des langues officielles, dans la foulée de la publication de ce rapport, a prouvé hors de tout doute qu'Air Canada ne prend pas au sérieux les exhortations du commissaire.

Le président de l'entreprise est allé jusqu'à se dire « frustré » par ce nouveau rapport. Ce sont, au contraire, les efforts déployés par les dirigeants d'Air Canada pour nier les problèmes qui sont frustrants.

Il y a 40 ans, le premier commissaire aux langues officielles du pays, Keith Spicer, avait dénoncé « l'attitude négative » de l'entreprise. « Il n'est donc pas surprenant que ses employés aient compris que le respect du choix linguistique des passagers ne constituait pas une grande priorité », écrivait-il alors.

Comment les employés actuels pourraient-ils interpréter autrement le refus, par Calin Rovinescu, d'admettre les erreurs d'Air Canada ?

Sa propre attitude est la preuve ultime que les députés fédéraux doivent innover et créer un mécanisme qui obligera Air Canada, incontournable « symbole national » qui contribue à façonner l'image du pays à l'étranger, à faire mieux.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion