Mieux vaut tard que jamais : le gouvernement fédéral a tenté, ces derniers jours, de rassurer la population canadienne quant à l'accueil des réfugiés.

On peut donc penser (et souhaiter) que certaines des inquiétudes manifestées à ce sujet dans le cadre du sondage CROP publié hier dans nos pages ont déjà commencé à s'atténuer.

Par exemple, 60 % des Québécois ont dit dans ce sondage s'opposer à l'accueil de 25 000 réfugiés syriens « d'ici la fin de l'année ». Cela correspond à l'objectif initial de Justin Trudeau.

Or, certains affirment que le gouvernement fédéral aurait mis de l'eau dans son vin et que, tout en continuant de travailler dans l'urgence, il ne cherchera pas à tout prix à respecter la date-butoir du 31 décembre. Ce que n'a pas nié hier le ministre de l'Immigration John McCallum.

Par ailleurs, lorsque le sondage a été mené, bien peu de détails avaient été révélés quant à la sélection des réfugiés. On en sait encore trop peu, ce qui est déplorable. Ottawa doit rendre son plan public mardi... Il était temps.

Cela étant dit, on a tout de même pu obtenir l'assurance que « les mesures en vigueur sont robustes » et « appropriées ». C'est ce qu'a affirmé mercredi le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, Michel Coulombe.

Pour montrer à quel point la chose n'est pas prise à la légère par Ottawa, M. Coulombe était, chose rare, accompagné par ses homologues de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, était aussi sur place. Il a affirmé qu'Ottawa accueillera les réfugiés « qui suscitent le moins grand nombre de questions de sécurité et les gens qui ont la plus grande chance d'adaptation ».

Bref, Ottawa refuse d'agir dans la précipitation et affirme que la sécurité prime tout le reste. Cela doit être salué et devrait rassurer des sceptiques.

Ce qui doit être salué, également, c'est le courage de bon nombre de politiciens, tant au fédéral qu'au provincial et au municipal. Car dans la foulée du massacre à Paris, leur décision de prendre fait et cause pour l'accueil des réfugiés syriens ne pouvait pas susciter d'emblée l'adhésion de la majorité de la population. Elle tombe pourtant sous le sens après mûre réflexion.

Ces politiciens ont raison sur le plan moral, mais aussi parce que les experts ne cessent de le répéter : les fanatiques comme ceux qui ont frappé en France se nourrissent du rejet et de l'aliénation des jeunes musulmans dans nos sociétés.

Mais il ne suffit pas, dans un dossier aussi délicat, d'avoir raison. Il faut ensuite convaincre. C'est pourquoi s'expliquer et rassurer la population est si important. C'est ce qui permettra d'éviter que les réfugiés syriens - et les musulmans en général, puisque des incidents islamophobes ont été rapportés au pays - deviennent des boucs émissaires.

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