« Un rêve » pour Stephen Harper, mais un « cauchemar » pour les contribuables.

Justin Trudeau a utilisé cette phrase-choc en campagne électorale. Il voulait dénoncer l'achat prévu, par Ottawa, d'une soixantaine de F-35. Cet avion de chasse avait initialement - en 2010 - été choisi par le gouvernement Harper pour remplacer notre flotte vieillissante de CF-18.

La décision s'est avant tout avérée un cauchemar pour les conservateurs. Ils ont même dû interrompre le processus d'achat il y a trois ans. Un rapport du Vérificateur général avait sonné l'alarme. Le projet n'avait pas été « géré avec rigueur et transparence ».

Ces critiques s'ajoutaient au fait que le chasseur américain, toujours en développement, est lui-même controversé. Délais, coûts plus élevés que prévu et questionnements sur son efficacité et sa performance ont fait la manchette au fil des ans.

Bref, personne n'a pleuré quand Justin Trudeau a annoncé qu'il lancera un nouvel appel d'offres pour doter le Canada d'un avion de chasse. Ou quand il a promis d'exclure le fabricant du F-35, Lockheed Martin, de ce nouveau processus.

Le politicien a affirmé que le Canada dénichera un chasseur moins coûteux et économisera des « dizaines de milliards ». Il a dit vouloir investir cet argent dans la marine canadienne.

Si seulement c'était si simple...

Les avions de chasse qui conviennent au Canada ne sont pas légion. Trois modèles pourraient faire l'affaire et chacun a ses forces et ses faiblesses.

À l'exemple du F-35. Et il est loin d'être clair que le pays économisera des milliards s'il revient sur sa décision.

Le coût de chaque avion varie en fonction de plusieurs facteurs, dont le nombre d'unités vendues. Plus une entreprise en produit, moins le prix est élevé. Le F-35 sera-t-il, au final, nettement plus cher que certains de ses concurrents ? C'est loin d'être certain.

L'idée d'un appel d'offres n'est pas, en soi, mauvaise. Mais pourquoi exclure d'emblée le F-35 si ce n'est pour des raisons électoralistes qui n'ont rien à voir avec les défis militaires auxquels fera face le Canada à l'avenir ? D'autant plus que s'il a essuyé son lot de critiques, cet avion, à la fine pointe de la technologie, semble aussi avoir des avantages réels sur ses concurrents.

La promesse de Justin Trudeau rappelle celle de Jean Chrétien, en 1993, au sujet de l'achat de nouveaux hélicoptères. Ce dernier avait juré, une fois élu, de déchirer le contrat signé par les conservateurs au montant de 5,8 milliards.

C'était une erreur. Au final, Ottawa a dû débourser 11 milliards pour de nouveaux appareils. Et prolonger la vie des vieux hélicoptères (Sea King) a provoqué multiples problèmes et accidents.

Dans le dossier controversé du F-35, ce n'est pas en voulant changer de cap à tout prix que Justin Trudeau évitera un cauchemar aux contribuables et aux militaires.

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