Six objets marquants de l’année 2022, selon notre équipe éditoriale

Le bain-tourbillon

Quand des manifestants ont le culot d’installer un bain-tourbillon en face du parlement, on a la preuve hors de tout doute qu’il ne s’agit plus d’une manifestation, mais d’une occupation pure et simple. Il aura fallu 23 jours pour que les policiers finissent par déloger les camionneurs qui empoisonnaient la vie des résidants d’Ottawa. Il est clair que la police d’Ottawa a dormi au gaz et que le gouvernement de Doug Ford ne voulait pas s’en mêler, par crainte de déplaire à ses partisans avant les élections en Ontario. Reste à savoir si la Loi sur les mesures d’urgence était nécessaire pour mettre fin à ce cirque. Le rapport de la commission Rouleau tranchera bientôt.

Stéphanie Grammond

Tylenol pour enfants

Le Québec a passé une bonne partie de l’automne en pénurie de Tylenol (acétaminophène) et d’Advil (ibuprofène) pour enfants, en raison du trio de maladies respiratoires pour enfants qu’on doit combattre en même temps. Ce qui a provoqué – avec raison – l’angoisse de nombreux parents. En raison du trio virus respiratoire syncytial–COVID-19–influenza, les hôpitaux pour enfants sont aussi débordés depuis novembre, au Québec comme ailleurs au pays. Non, la pandémie n’est (malheureusement) pas terminée.

Vincent Brousseau-Pouliot

Les menottes (et la clé égarée)

On croirait un sketch tiré d’une mauvaise comédie policière. Des agents interpellent cavalièrement un homme noir qui se dirige vers son propre véhicule, le menottent, réalisent leur méprise… mais n’ont pas la clé pour le libérer. Loin de la trouver drôle, l’homme en question, Brice Dossa, en est sorti humilié. S’agit-il de profilage racial ? Impossible de l’affirmer sans connaître l’histoire complète. Le SPVM a fourni peu d’explications et mène une enquête qui nous semble bien longue. Chose certaine, le seul fait qu’on ait crié à la discrimination sur toutes les tribunes montre à quel point le lien de confiance entre la police de Montréal et ses citoyens est brisé.

Philippe Mercure

Le compte de taxes d’Éric Duhaime

Pour quelqu’un qui aspirait à gérer la province, Éric Duhaime nous aura démontré qu’il gère ses propres finances de façon pour le moins nonchalante. Pendant la campagne électorale, on a appris que le chef conservateur avait omis de payer non seulement ses taxes municipales, mais aussi des taxes scolaires et des factures d’Hydro-Québec. Quand les huissiers et les tribunaux doivent s’en mêler et qu’Hydro-Québec coupe le courant, on comprend qu’on ne parle pas de légers retards dus à l’inattention. Sous M. Duhaime, le Parti conservateur du Québec aura finalement raflé 13 % des voix au scrutin, une progression spectaculaire par rapport au 1,5 % récolté en 2018. Mais le chantre de la droite québécoise n’a pu se faire élire, pas plus qu’aucun autre député de son parti.

Philippe Mercure

La laitue

La laitue a fait autant rire que pleurer en 2022. Pleurer quand l’inflation a poussé le prix d’une banale iceberg à 8,99 $. Rire quand les Anglais se sont mis à parier que leur nouvelle première ministre durerait moins longtemps qu’une laitue. Et c’est la laitue qui a gagné le duel ! Liz Truss a démissionné après seulement 45 jours en poste. Les marchés n’ont pas digéré les baisses d’impôt qu’elle avait proposées et qui allaient à l’encontre des efforts de la banque centrale pour contrer l’inflation. Son projet qui reposait sur des emprunts a fait bondir les taux d’intérêt et chuter la devise. Ce revers devrait servir de leçon à tous les gouvernements qui pensent lutter contre la hausse du coût de la vie en envoyant des chèques à l’ensemble de la population.

Stéphanie Grammond

Le voile islamique en Iran

Les femmes iraniennes ont terminé au premier rang de la catégorie « héros de l’année » du magazine Time. C’est largement mérité. Leur courage est remarquable et contagieux. Résultat : malgré la répression, le régime n’arrive pas à étouffer la révolte. À la source du soulèvement, il y a un objet, qui en est aussi devenu le symbole : le voile islamique. La révolte fait suite à la mort de Mahsa Amini en septembre. Elle aurait été tuée par des membres de la brigade des mœurs parce qu’elle avait porté son voile d’une façon jugée inappropriée. Un point de bascule a alors été atteint. C’est maintenant l’oppression généralisée qui est contestée. Et le régime des mollahs qui est déstabilisé.

Alexandre Sirois

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