Les villes ont raison de demander de l’argent à Québec pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques.

Les fortes pluies de mardi soir dernier (un signe du ciel ?) ont illustré plus que n’importe quelle étude la fragilité de nos infrastructures : refoulement d’égout, stations de métro et sous-sol inondés… Ces évènements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents et leurs impacts seront encore plus désastreux si on ne fait rien pour les prévenir.

La proposition des maires et mairesses d’un pacte vert transitoire (jusqu’au prochain pacte fiscal, en 2025) est donc justifiée. Ce sont les villes qui sont sur la ligne de front. Ce sont elles qui sont les mieux placées pour évaluer les besoins.

Le refus net du chef de la CAQ se justifie difficilement.

« Il faut respecter la capacité de payer des Québécois », a déclaré M. Legault qui vient pourtant de promettre des chèques et des baisses d’impôt aux Québécois.

Il n’a pas complètement tort lorsqu’il dit que les villes pourraient faire leurs demandes dans le cadre de son plan pour une économie verte. Le problème, c’est que les critères de ce plan ne sont pas toujours adaptés aux besoins sur le terrain. L’autre problème, c’est que l’enveloppe budgétaire, sept milliards de dollars sur cinq ans, est nettement insuffisante puisqu’elle couvre aussi tout le volet d’électrification.

Or, les principales villes du Québec disent avoir besoin de 10 milliards sur cinq ans pour adapter leurs infrastructures (usines de filtration, protection des berges, immeubles, etc.). Ce n’est pas un chiffre lancé en l’air, il s’appuie sur une étude réalisée par la firme WSP et le consortium Ouranos.

Les villes demandent cet argent sans contrepartie, car, disent-elles, leurs investissements dans les infrastructures sont déjà considérables. Leur élastique est étiré au maximum. Il y aurait bien entendu des mécanismes de reddition de comptes pour s’assurer que l’argent est investi aux bons endroits.

La fin de non-recevoir de M. Legault est paradoxale.

D’un côté, il affirme que les propositions des grandes villes (dans le cadre du plan pour une économie verte) seront bien accueillies « en autant qu’elles offrent […] un bon rendement sur la réduction des GES ». Et de l’autre, il promet un lien autoroutier entre Québec et Lévis sans aucune étude pour prouver sa nécessité ou son impact sur la réduction des GES. Trouvez l’erreur.

Sans compter que M. Legault fait preuve de paternalisme à l’endroit des villes. En les maintenant dans une position de quémandeuses qui doivent frapper à sa porte pour chaque dollar, il les oblige à gérer à la pièce plutôt que de planifier à long terme.

De la part d’un premier ministre autonomiste qui réclame toujours plus de pouvoirs et d’argent à Ottawa, c’est étonnant.

C’est aussi révélateur d’une incapacité à travailler en partenariat avec les autres ordres de gouvernement.

Que ce soit avec Ottawa ou avec le monde municipal, les discussions sont souvent difficiles, l’approche est divisive au lieu d’être rassembleuse.

Qu’on pense au tramway à Québec ou au REM à Montréal, chaque petite avancée est périlleuse, comme s’il fallait extraire chaque petit gain avec une pince de désincarcération.

Au cours des prochaines années, Québec devra mieux travailler avec le monde municipal, c’est dans l’intérêt de tous.

Le pacte vert est un bon exemple du type de partenariats à développer avec les villes.

Si on n’injecte pas davantage d’argent dans l’adaptation aux changements climatiques, si on n’est pas davantage en mode prévention, la facture sera encore plus salée dans quelques années.

Et les Québécois vont se lasser d’éponger.

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