Après le mariage de raison entre les libéraux de Justin Trudeau et le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh, voici le premier véritable enfant politique issu de cette union.

Justin Trudeau a annoncé mardi trois nouvelles mesures pour « rendre le coût de la vie plus abordable ».

Le gouvernement libéral va doubler le crédit pour la taxe sur les produits et services pour tous ceux qui en bénéficient, offrir un supplément de 500 $ au programme de l’Allocation canadienne pour le logement et créer une prestation dentaire canadienne pour les enfants de moins de 12 ans.

On vient d’écrire « le gouvernement libéral », mais tant le chef du NPD, Jagmeet Singh, que son seul député québécois, Alexandre Boulerice, vous diront que c’est leur parti qui est à l’origine de ces mesures. Ils n’ont pas complètement tort.

C’est que les sommes offertes pour le logement et le programme de soins dentaires sont des éléments clés de l’entente signée avec les libéraux en mars dernier, qui doit permettre à leur gouvernement de rester au pouvoir jusqu’en 2025.

Jagmeet Singh fut d’ailleurs forcé de danser une drôle de gigue, mardi…

D’un côté, il reprochait à Justin Trudeau de ne pas suffisamment se préoccuper de l’impact de l’inflation galopante sur les Canadiens. Mais de l’autre, il défendait les nouvelles mesures du gouvernement libéral avec fougue et enthousiasme.

Quant à Justin Trudeau, on l’imagine plutôt heureux de ce dénouement.

Il conserve l’appui du NPD et se retrouve à dévoiler des mesures pour lutter contre l’inflation quelques jours seulement après l’arrivée de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur.

Le nouveau chef conservateur prend un malin plaisir à attaquer les libéraux sur la question de l’inflation en affirmant qu’ils ne se préoccupent pas assez des Canadiens qui en souffrent.

Paradoxalement, Pierre Poilievre s’est empressé de dénoncer mardi les « dépenses » annoncées.

N’empêche que si ces mesures s’annoncent coûteuses, il s’agit de programmes ciblés qui viennent donner un coup de pouce aux plus vulnérables. Le Parti libéral semble avoir trouvé une façon de taper sur le bon clou, avec un marteau de la bonne taille.

Deux mesures sont temporaires. Quant au programme de soins dentaires, tant prisé par le NPD, il s’inscrira dans la durée, mais son effet sur les Canadiens qui en ont besoin ne sera pas cosmétique. Il répond à un réel besoin.

Le programme touchera seulement cette année les enfants de 12 ans et moins, mais si le tandem PLC-NPD parvient à ses fins, il sera élargi en 2025 à tous les Canadiens moins nantis de moins de 18 ans, ainsi qu’aux aînés et aux personnes en situation de handicap. Ce serait une véritable assurance dentaire.

Pour 2022, par contre, on se contentera d’offrir un versement fixe. Il sera accordé aux Canadiens de moins de 12 ans qui vivent dans des familles dont le revenu est de moins de 90 000 $ et qui ne bénéficient pas d’une autre assurance (ou si leurs dépenses pour les soins dentaires n’ont pas été couvertes par le programme auquel ils sont déjà admissibles), explique-t-on à Ottawa.

La prestation offerte en 2022 est imparfaite puisque son encadrement sera minime. On précise que les parents devront fournir des documents relatifs à leurs dépenses « au besoin ». Mais en fait, le système sera avant tout basé sur l’honneur.

En raison de l’impatience du NPD, le temps manquait pour mettre en place une véritable assurance. On a donc préféré l’efficacité à la rigueur comptable, parce qu’on voulait s’assurer d’un taux de participation élevé au programme. C’est pourquoi on ne demandera pas aux bénéficiaires de payer les soins de leur propre proche, cette année, avant de recevoir le paiement de la part d’Ottawa.

Voyons voir comment ça se traduira sur le terrain. La bureaucratie fédérale n’a impressionné personne au cours des derniers mois.

Voyons voir, aussi, jusqu’où le gouvernement fédéral est prêt à mettre de l’eau dans son vin pour s’entendre avec les provinces.

À Québec, mardi, on nous disait réclamer « le transfert d’argent au gouvernement du Québec pour bonifier ses propres programmes », qui couvrent déjà les enfants de moins de 10 ans. Une autre chicane de compétences Ottawa-Québec en vue, assurément.

L’enfer fédéral est parfois pavé de bonnes intentions. Espérons que cette initiative, pour laquelle on a prévu plus de 5 milliards sur cinq ans dans le dernier budget fédéral, résistera aux obstacles qui se dressent déjà sur son chemin.

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