Après Miami et Phoenix, Los Angeles vient de nommer une personne responsable de la chaleur. Le « Heat Chief Officer » est responsable de la réponse de la ville californienne aux vagues de chaleur extrême. Il s’agit de la septième ville dans le monde à se doter d’un tel poste.

Le rôle de ces « directeurs de la chaleur » : prévenir, informer, conseiller, coordonner. En d’autres mots, s’assurer que la ville et sa population soient préparées à affronter une vague de chaleur extrême.

La cheffe de la chaleur à Athènes, Eleni Myrivili, a même lancé l’idée d’identifier des vagues de chaleur comme on identifie les ouragans, à qui on donne des noms et des degrés de dangerosité. Une façon de frapper l’imaginaire de la population et faire comprendre rapidement les comportements sécuritaires à adopter. « Est-ce que vous commanderiez une pizza pendant un ouragan ? », a-t-elle lancé. La réponse semble évidente. Et pourtant… nous n’avons pas encore appris à changer notre mode de vie quand il fait chaud.

Or, les vagues de chaleur sont de plus en plus nombreuses, et pas seulement dans le Sud. Même Montréal, une ville « nordique » quelques mois par année, n’y échappe pas.

La Ville gagnerait donc, elle aussi, à créer une fonction semblable, un poste de commissaire à la chaleur (et au froid) ou, plus largement, aux changements climatiques. Comme la commissaire à la langue française, un poste créé par la Ville de Montréal l’automne dernier, le commissaire aux changements climatiques travaillerait en équipe avec les différents partenaires de la Ville pour coordonner et mettre en œuvre le plan d’action en cas de température extrême.

Ce commissaire pourrait également commander des études, initier des campagnes d’information, faire des recommandations et participer au redesign de la ville afin qu’elle soit plus résiliente.

Pour l’instant, l’adaptation aux changements climatiques est une responsabilité partagée entre différents acteurs : la Ville, la Direction régionale de santé publique, le CIUSSS… En situation extrême s’ajoutent le SPVM, le service des incendies ainsi que le Centre de coordination des opérations d’urgence.

Le commissaire travaillerait en équipe avec tous ces intervenants – ils sont nombreux ! – et à la fin, il serait l’interlocuteur principal pour toutes les questions en lien avec le froid et la chaleur extrêmes.

À l’heure actuelle, pour déclencher les mesures d’urgence en cas de canicule, la météo doit répondre aux critères établis par Environnement Canada, soit trois jours consécutifs de plus de 33 degrés (avec un facteur humidex de 40), ou deux nuits à plus de 25.

Une fois la canicule déclarée, la Ville et ses partenaires mettent en place une série de mesures, dont certaines ont été adoptées à la suite de la vague de chaleur mortelle de 2018. Une enquête épidémiologique de la Direction régionale de santé publique avait identifié les personnes les plus vulnérables à la chaleur extrême. Conclusion : une personne est plus à risque de mourir de chaleur dans un quartier défavorisé, et pas suffisamment vert. Les personnes qui ont des troubles de santé mentale sont aussi plus vulnérables à la chaleur. On assure que les groupes à risque sont désormais surveillés et visités en période de canicule.

Le commissaire pourrait s’assurer que toutes les recommandations en lien avec la météo extrême soient respectées.

Un commissaire aux changements climatiques pourrait également lancer des campagnes de sensibilisation pour informer la population, qui a tendance à se mobiliser davantage quand il fait froid, moins quand il fait chaud.

Montréal a déjà un plan de chaleur extrême qu’on peut consulter sur le portail Santé Montréal. On y trouve entre autres une carte des points de fraîcheur sur le territoire montréalais, comme les bibliothèques, les maisons de la culture, les centres communautaires, etc. Ce plan gagnerait à être plus complet… et mieux connu du grand public.

Un commissaire aux changements climatiques participerait aussi à la réflexion entourant la planification urbaine. Au lendemain de la canicule de 2018, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) avait sonné l’alarme quant au danger des îlots de chaleur et depuis, la Ville redouble d’efforts pour verdir son territoire. Mais il faudra s’adapter davantage et pousser la réflexion encore plus loin. Faut-il penser à modifier les horaires de travail de ceux et celles qui travaillent à l’extérieur quand il fait trop chaud ?

C’est une piste à explorer. Il faudrait également modifier le mobilier urbain. Un exemple : la prochaine génération de bancs publics devra être équipée d’auvents pour se protéger du soleil. Ce ne sont là que quelques exemples des dossiers qui pourraient atterrir sur le bureau de ce futur commissaire.

En entrevue à La Presse récemment, le conseiller municipal de Paris Alexandre Florentin affirmait qu’on était face à trois choix : cuire, fuir ou agir.

Un commissaire aux changements climatiques permettrait à Montréal d’agir avec encore plus d’efficacité.

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