L’opposition du CHUM au prolongement du Réseau express vélo (REV) sur la rue Viger a étonné et déçu.

L’institution s’oppose à la construction d’une voie cyclable protégée devant l’entrée des urgences sur Viger, entre les rues Saint-Denis et Sanguinet.

La PDG adjointe, Danielle Fleury, assure qu’elle n’a rien contre les pistes cyclables et les vélos, elle voudrait seulement que le REV passe ailleurs pour des raisons de sécurité et de fluidité. Elle affirme que le CHUM attend toujours les études de la Ville sur l’achalandage du futur tronçon.

De son côté, la Ville assure qu’elle a fait ses devoirs et proposé plusieurs mesures d’atténuation au CHUM, en vain.

Nous sommes face à un dialogue stérile.

D’un côté, la Ville, qui est déterminée à déployer son réseau express vélo. De l’autre, la direction du CHUM qui exprime des craintes quant à la sécurité aux abords de son hôpital et qui les exprime de manière brutale en mettant la Ville en demeure. Les deux parties font la sourde oreille aux propos de l’autre.

On ne cherchera pas à savoir qui a tort ou qui a raison. La priorité, à l’heure actuelle, c’est que ces deux interlocuteurs s’assoient ensemble et s’entendent.

La Ville a beaucoup appris de ses erreurs dans ce domaine. À la suite du développement des REV Saint-Denis et de Bellechasse, le bureau de l’ombudsman de la Ville de Montréal avait été submergé de plaintes – plus de 300 ! Le reproche qui revenait le plus souvent : la mauvaise communication de la part de la Ville. Dans son rapport, l’ombudsman rappelait que si la Ville n’était pas tenue, par la loi, de mener des consultations, elle en avait peut-être l’obligation morale.

Les représentants de la Ville ont pris des notes et amélioré leur approche. Ils communiquent mieux et davantage. Ils consultent plus, aussi. De l’avis du président de l’organisme Vélo Québec, Jean-François Rheault, l’approche et les compétences techniques de Montréal figurent désormais parmi les meilleures pratiques dans le monde.

Cela dit, certaines des craintes exprimées par le CHUM sont valables. Il faut dire qu’en choisissant de s’installer en plein cœur du centre-ville, le centre hospitalier ne s’est pas facilité la vie. À la circulation des ambulances, il faut ajouter les voitures des patients et des employés, le transport adapté, les véhicules de livraison et les taxis qui s’engouffrent tous dans des rues étroites à sens unique, à quelques mètres de l’entrée d’une autoroute… Oui, le chaos est possible. Et la Ville doit être à l’écoute des craintes du CHUM.

Mais cela ne signifie pas qu’il faille déplacer le REV pour autant. Les exemples de Vancouver et Toronto nous montrent qu’il est possible d’installer une piste cyclable devant l’entrée d’un hôpital en toute sécurité.

À Toronto, les cyclistes peuvent pédaler sur la piste de l’avenue University (qu’on nomme aussi Hospital Row parce qu’on y trouve non pas un, mais cinq hôpitaux !). La Ville a travaillé en collaboration avec les institutions pour trouver un aménagement qui convenait à tous. Même chose à Vancouver, où une piste cyclable protégée a été construite sur la 10Avenue, devant l’entrée de l’urgence de l’Hôpital général de Vancouver. Une signalisation spéciale avise les cyclistes qu’ils approchent une zone potentiellement dangereuse.

  • Aménagement de la piste cyclable en bordure de l’Hôpital général de Vancouver

    PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE VANCOUVER

    Aménagement de la piste cyclable en bordure de l’Hôpital général de Vancouver

  • Aménagement de la piste cyclable en bordure de l’Hôpital général de Vancouver

    PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE VANCOUVER

    Aménagement de la piste cyclable en bordure de l’Hôpital général de Vancouver

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Si ces deux villes ont réussi, Montréal le peut aussi.

Ce n’est pas normal qu’une institution comme le CHUM – qui incarne des valeurs comme la santé et la bonne forme physique – mette des bâtons dans les roues d’un projet comme le REV. D’autant plus que ses employés, et certains de ses patients, seront les premiers à en profiter.

Le REV est une excellente idée, un atout incroyable pour Montréal, autant pour la mobilité que pour la santé publique, le tourisme et l’économie en général. La Ville devrait pédaler un peu plus fort pour susciter l’adhésion de tous. Quand on est l’initiateur d’un changement, le fardeau de la preuve repose sur nos épaules. Il faut expliquer, et expliquer encore.

Quant à la direction du CHUM, elle doit faire preuve d’ouverture. Ce n’est pas en lançant des mises en demeure ou en menaçant la Ville d’une injonction qu’on donne l’image d’une institution ouverte au dialogue.

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