Crash !

C’est le bruit que le monde entier vient d’entendre en provenance de Londres. Le règne de Boris Johnson comme premier ministre vient d’être pulvérisé.

Bravo ! La meilleure façon de réagir à cette démission, c’est de s’en féliciter.

Nous vivons à une époque où la démocratie est en déclin.

Où des leaders populistes, menteurs et sans scrupule comme Boris Johnson ont le vent en poupe.

Où ces politiciens démagogues profitent de la perte de confiance à l’égard des institutions démocratiques pour triompher, mais aussi pour s’accrocher au pouvoir malgré leurs manquements.

Il est donc rassurant de voir qu’au nom de l’« intégrité », bon nombre d’élus du Parti conservateur au Royaume-Uni ont le courage de montrer la porte à un leader toxique.

C’est l’ancien ministre de la Santé de Boris Johnson, Sajid Javid, qui a utilisé ce mot. Après avoir démissionné, il a affirmé que les Britanniques ont droit à « de l’intégrité de la part de leur gouvernement ».

On a compris que Boris Johnson était prêt à mentir comme un arracheur de dents pour arriver à ses fins — et qu’il n’hésitait pas à transgresser les normes démocratiques s’il le fallait — lorsqu’il était une des figures de proue du camp du Brexit.

Son national-populisme (il promettait notamment aux Britanniques de les libérer de l’Europe et de ses migrants), son charisme, et ses méthodes pour le moins douteuses l’ont mené jusqu’au poste de premier ministre en 2019.

Puis, les scandales se multiplièrent autour de lui comme, dans les évangiles, les pains et les poissons autour de Jésus.

Le plus récent : il a nommé au poste de whip en chef adjoint de son parti un élu qui avait été accusé d’inconduites sexuelles, et il a menti en niant avoir été au courant de ces allégations.

Vers la fin de l’année dernière, le député conservateur Tobias Ellwood laissait déjà entendre que son gouvernement avait perdu sa « boussole morale ». Ça ne s’était pas amélioré depuis, mais Boris Johnson refusait de quitter son poste.

Et il n’aurait probablement pas jeté l’éponge, n’eût été la vague de démissions au sein des rangs conservateurs.

Cela doit servir de leçon.

Les clowns démagogues peuvent être freinés.

Leurs bombes politiques peuvent être désamorcées.

Ces politiciens sont toxiques, mais il existe un contrepoison. On le retrouve, souvent, au sein même de la formation politique qui a donné naissance à ces monstres.

Imaginez si un plus grand nombre de politiciens républicains à Washington avaient été prêts à faire preuve de courage et d’intégrité au cours des dernières années ! On ne serait pas en train de se demander si Donald Trump va revenir en force en 2024. Il aurait été destitué et aurait filé en Floride la queue entre les jambes.

Les politiciens républicains n’ont pas osé le remettre à sa place et il continue de bomber le torse.

Les partis politiques et leurs élus ont une responsabilité lorsqu’il s’agit d’assurer la résilience d’une démocratie. Les conservateurs au Royaume-Uni ont fini par le comprendre. Les républicains aux États-Unis en font fi.

Le Canada n’étant pas à l’abri des perturbations qui agitent les démocraties occidentales, un de nos grands partis pourrait se retrouver avec un populiste démagogue à sa tête. Si celui-ci devenait toxique, d’autres élus du parti oseraient-ils lui montrer la porte ?

C’est moins hypothétique qu’on le pense, alors que le Parti conservateur du Canada est de plus en plus captif de son aile radicale. Souvenons-nous qu’en 2017, Maxime Bernier est passé à un cheveu d’en remporter la course au leadership.

Les élus de cette formation politique l’auraient-ils désavoué s’il avait dérapé comme il l’a fait en tant que chef du Parti populaire ?

Jean Charest vient de prédire que le Parti conservateur canadien pourrait devenir « une pâle copie du Parti républicain ».

Si jamais un éventuel chef de cette formation politique se mettait à marcher dans les pas de Donald Trump ou de Boris Johnson, espérons qu’un assez grand nombre de députés conservateurs s’inspireraient de ce qui s’est passé à Londres plutôt qu’à Washington.

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