Il règne une belle unanimité à Ottawa au sujet de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Tous les partis sont d’accord pour dire que le Canada doit soutenir l’initiative, qui ne fait évidemment pas l’affaire de Moscou.

L’objectif est même « d’être l’un des premiers pays à ratifier leur adhésion à l’OTAN », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Le sujet devrait être à l’ordre du jour du Conseil des ministres ce jeudi. Le feu vert pourrait être donné par Ottawa au cours des prochains jours.

Ce n’est pas une course, mais l’élargissement de l’OTAN à ces deux pays du nord de l’Europe s’impose et l’affaire est urgente. Le président finlandais et la première ministre suédoise ont d’ailleurs prévu rencontrer Joe Biden ce jeudi à Washington.

Mettons-nous un instant à la place des citoyens de ces deux pays…

Votre voisin est une grande puissance dirigée par un dictateur qui se comporte désormais comme un fier-à-bras agressif. Après l’invasion de l’Ukraine, vous vous demandez forcément si votre pays est le prochain sur la liste.

La neutralité de la Suède et de la Finlande, autrefois justifiable, est aujourd’hui un talon d’Achille. L’adhésion à l’OTAN, dès qu’elle sera formalisée, permettra de les protéger.

Souvenons-nous que le chapitre 5 de la charte de l’organisation précise que si l’un des membres est attaqué, les autres vont tous se porter à sa défense (avec les deux pays nordiques, ils seraient désormais 32). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une adhésion de l’Ukraine est inenvisageable à l’heure actuelle.

Même si le Canada se précipite dans le dossier de l’adhésion de la Finlande et de la Suède, ça ne veut toutefois pas dire que la suite des choses sera une formalité. Il faut obtenir l’unanimité des membres actuels pour un tel élargissement. Et le président turc Recep Tayyip Erdoğan a récemment déclaré qu’il s’y opposerait.

Il en veut à la Suède et à la Finlande, entre autres, parce que ces pays servent de refuges à des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). On dit aussi qu’il n’a pas digéré que Washington ait refusé de vendre des chasseurs F-35 à son pays.

Des pourparlers s’annoncent et il faut espérer que l’affaire se règle rapidement. À Ottawa, on ne semble pas penser que la Turquie se montrera inflexible. Tant mieux.

Il y a une autre raison de se réjouir de l’adhésion annoncée de ces deux pays à l’OTAN : elle représenterait, pour Vladimir Poutine, un revers cuisant.

Parmi les raisons évoquées par son régime pour envahir l’Ukraine figuraient l’expansion de l’OTAN en Europe et le rapprochement entre l’OTAN et l’Ukraine. Or, son invasion n’a fait que renforcer l’organisation.

Celle-ci a, premièrement, davantage de légitimité. Pour rappel : à la fin de l’année 2019, le président français Emmanuel Macron soutenait que l’OTAN était dans un état de « mort cérébrale ». Il ne répéterait pas une telle chose aujourd’hui. Ce serait sans fondement.

Deuxièmement, la Suède et la Finlande vont rendre l’organisation plus résiliente. Ce sera un atout tant pour ce qui est des soldats, de l’équipement militaire et du territoire auquel l’OTAN aura maintenant accès pour la défense de ses membres.

Et le comble, pour Vladimir Poutine, c’est que la frontière partagée par son pays avec des nations membres de l’OTAN va s’allonger de façon substantielle. La frontière commune entre la Finlande et la Russie fait plus de 1340 kilomètres.

Le dirigeant russe n’en est pas à un embarras près. Son armée continue d’essuyer de lourdes pertes alors que la guerre, qu’il espérait gagner rapidement, vient de franchir le cap des 85 jours.

De durs coups sont donc portés à ses rêves de grandeur. Des rêves destructeurs que les démocraties occidentales ont le devoir d’endiguer.

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