Le saviez-vous ? La Russie « n’a pas attaqué l’Ukraine ».

C’est ce qu’a déclaré récemment le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, quand un journaliste lui a demandé si Moscou allait attaquer d’autres pays.

C’est tellement hypocrite que ça frôle le délire.

Et ça démontre à quel point les mensonges de Vladimir Poutine et de ses collaborateurs sont plus dangereux que jamais.

Il ne faudrait pas l’oublier, alors que nous-mêmes, au Canada, devons trancher au sujet de la propagande russe sur nos ondes.

Commençons par dresser l’état de la situation en Russie.

Le mensonge est devenu depuis longtemps une seconde nature pour le régime russe.

Or, depuis la semaine dernière, c’est encore pire. Le mensonge règne sans partage.

Une nouvelle loi a fait taire les rares médias qui donnaient encore l’heure juste à la population russe. Quiconque publierait de l’information qui – selon Moscou – discréditerait l’armée russe est passible de 15 ans de prison.

Désormais, la vérité est morte et enterrée en Russie.

Tous ceux qui ont examiné ce qui se raconte dans les médias russes au sujet de l’invasion font le même constat : c’est de la désinformation.

« Le principal journal télévisé du pays, Vremya (le Temps) sur Canal 1, un monument de l’information depuis l’ère soviétique, démarre chaque soir en saluant l’“héroïsme et le courage” des soldats russes », rapporte l’Agence France-Presse.

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Le régime russe, par le biais des médias, distille des tonnes de faits alternatifs au sujet de ce qu’on qualifie là-bas « d’opération spéciale ». Un euphémisme qu’on utilise en rejetant la faute sur les Ukrainiens, sur l’Occident, sur l’OTAN.

Vladimir Poutine participe personnellement à cet effort de désinformation avec enthousiasme – il est allé jusqu’à qualifier le président ukrainien et ses ministres de « clique de toxicomanes et de néonazis ».

Il sait que ces mensonges sont payants.

Une majorité de Russes (58 %, selon un sondage effectué par des firmes russes peu après le début du conflit, dont les résultats ont été rapportés par le Washington Post) se disent en faveur de la guerre en Ukraine.

En privant les Russes des faits, on les empêche de comprendre ce qui se passe. Et on atténue forcément leur colère à l’égard du régime qui les pousse à la guerre et les mène en bateau.

Mais le régime russe ne cherche pas seulement à brouiller les pistes chez lui. Ses mensonges n’ont pas de frontières.

De concert avec son allié chinois, il déploie ces jours-ci des efforts pour désinformer aux quatre coins de la planète. Objectif : semer le doute sur les origines et le déroulement du conflit.

La Chine diffuse les mensonges russes sur ses médias d’État, mais elle les propage aussi à l’étranger, via les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Une aide précieuse pour Moscou puisque la plateforme de Mark Zuckerberg a décidé de limiter la propagande russe en filtrant ce qui est publié par certains médias affiliés au gouvernement de ce pays, comme Russia Today.

Ce qui nous amène à aborder la délicate question de la présence de Russia Today au Canada. Justin Trudeau a demandé au CRTC de se pencher sur ce cas, avec raison.

On a appris, depuis, que Rogers Communications estime que Russia Today et les services contrôlés « par un État faisant l’objet de sanctions canadiennes » devraient être retirés des ondes au Canada.

Pourquoi en effet laisserait-on œuvrer ici en toute impunité un média qui sert de porte-voix aux mensonges de la Russie, État qui mérite le sort que l’Occident lui a réservé.

Un média qui répondait, avant même l’invasion de l’Ukraine, à un des objectifs de la politique étrangère russe : déstabiliser les démocraties.

Il est légitime de fixer certaines limites raisonnables à la liberté d’expression, même au sein des démocraties. Et ces limites, les médias contrôlés par le régime russe les ont franchies.

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