Le centre-ville de Montréal a besoin d’une déclaration d’amour. Une vraie. Une solide. Avec preuves à l’appui. Pas un amour tiède ou beige, déclaré du bout des lèvres. Non. Un amour brûlant qui soulève les montagnes.

Ce lundi marque la fin du télétravail obligatoire. Les employés pourront retourner au bureau selon les modalités décidées par leur employeur. On sait déjà que bien des entreprises privilégieront un modèle hybride qui deviendra la norme. Résultat : moins de travailleurs se rendront quotidiennement au centre-ville, une baisse d’environ 19 à 25 % selon une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain dévoilée vendredi dernier.

Il y aura bien sûr des répercussions. Entre autres, une baisse de l’achalandage des transports en commun à l’heure de pointe ainsi qu’une diminution des dépenses d’environ 14 %, selon la même étude.

Cela dit, notre centre-ville n’est pas branché sur un respirateur artificiel. Il suffit d’aller s’y promener pour constater que malgré la crise, et malgré les locaux vides, il est encore fréquenté.

S’il a réussi à garder la tête hors de l’eau durant la crise, c’est qu’il ne dépend pas exclusivement de ses travailleurs pour survivre. C’est sa composition mixte qui lui a permis de ne pas sombrer complètement : la diversité des entreprises qui y sont installées, la présence des campus universitaires, l’habitation, qui continue de se développer. Oui, le centre-ville a perdu 3,1 % de sa population durant la pandémie, mais il demeure tout de même celui qui a connu la plus forte hausse démographique au pays, 24 % depuis 2016. Quant aux étudiants et aux touristes, ils reviendront tranquillement.

Notre centre-ville n’est donc pas à l’agonie, mais il a tout de même besoin d’un traitement-choc si on ne veut pas que les séquelles du virus se transforment en COVID longue.

Au cours des prochaines mois, la Ville de Montréal tiendra des consultations publiques en lien avec son plan stratégique de développement du centre-ville qui s’étend jusqu’à 2030.

C’est très bien. Mais pour l’instant, il faut penser à un plan à court terme pour permettre au centre-ville de se relever et de se préparer pour la belle saison. C’est le message que martèlent avec justesse les acteurs principaux de la vie économique montréalaise, dont le président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Vendredi dernier, en présence de la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, il a donc présenté une stratégie pour la prochaine année. Et il a interpellé Québec et Ottawa afin que les deux ordres du gouvernement poussent la roue. Sans leur participation, on n’y arrivera pas. Il faut créer un effet « wow » qui va attirer encore plus de gens dans les rues de la métropole au cours des prochains mois.

La Chambre de commerce a identifié quelques pistes, dont une aide aux festivals afin qu’ils puissent planifier dès maintenant leur grand retour.

Dans une étude réalisée par PwC, portant sur l’impact de la pandémie dans les six principaux centres-villes canadiens, on insiste aussi sur l’importance du verdissement et de la piétonisation comme intervention pour relancer les centres-villes du pays.

La Chambre de commerce a également raison d’insister sur l’importance de la fluidité. Si les cônes orange pullulent et que les métros ne sont pas propres et fréquents, les gens ne viendront pas.

La Chambre de commerce invite en outre les travailleurs à redécouvrir leur centre-ville sous un autre jour, un peu comme on ravive la flamme d’un couple endormi. Si le travail hybride leur permet de se rendre moins souvent au bureau, on leur propose de voir les journées où ils seront au centre-ville comme un mini-voyage d’affaires : un lunch dans un bon resto, un spectacle à la fin de la journée, une petite séance de shopping, ils sont invités à tirer le maximum de ce que leur centre-ville peut leur offrir. Encore une fois, il faut les budgets pour pouvoir organiser des activités d’envergure qui créeront l’évènement.

Au final, c’est tout le Québec qui profitera de la relance du centre-ville de Montréal qui, faut-il rappeler, demeure un poumon économique pour toute la province.

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