Ils se croyaient tirés d’affaire. Ils trinquaient dans les pubs. Ils célébraient la fin de la COVID-19.

Mais lundi, les Britanniques, pourtant parmi les champions mondiaux de la vaccination, ont retardé d’un mois la levée de leurs dernières restrictions sanitaires.

Celui qui vient casser le party, c’est le variant Delta. D’abord identifié en Inde, ce nouveau mutant fait penser à un virus sur les stéroïdes. Il est à la fois plus transmissible, plus virulent et plus habile à déjouer la vaccination que la souche originale.

L’idée n’est pas de paniquer. D’abord, ce variant est encore peu présent chez nous. Ensuite, même au Royaume-Uni, où il est dominant, c’est loin d’être l’hécatombe. Malgré une hausse des cas, les hospitalisations et les décès restent très bas (encore plus qu’au Canada, toutes proportions gardées).

Le Royaume-Uni ne replonge d’ailleurs pas dans un grand confinement. Les restaurants et les bars demeurent ouverts. C’est surtout l’interdiction des grands rassemblements qui est prolongée.

Ce qui se passe là-bas devrait quand même attirer notre attention. Le Québec a calqué sa stratégie de vaccination sur celle du Royaume-Uni. Comme les Britanniques, nous avons choisi de donner les premières doses avant de distribuer les deuxièmes.

Cette stratégie nous a permis de bien affronter la troisième vague. Mais elle nous rend vulnérables au variant Delta.

Selon la santé publique britannique, une dose de vaccin de Pfizer ou d’AstraZeneca ne protège qu’à 33 % d’une infection symptomatique de la nouvelle bête. À Calgary, le virus vient d’ailleurs de provoquer une éclosion dans un hôpital, touchant au moins dix personnes vaccinées.

Que faire ? Les deux choses les plus évidentes sont de suivre étroitement la progression de l’ennemi et de vacciner à toute vitesse.

La bonne nouvelle, c’est que Québec fait exactement cela. Mais il reste peut-être une carte à jouer si jamais ça commençait à chauffer.

* * *

Jusqu’à maintenant, on a peu entendu parler du variant Delta au Québec. Cela peut vouloir dire deux choses : soit la situation est contrôlée, soit nous manquons de vigilance.

C’est heureusement la première option qui prévaut. Le laboratoire national de santé publique a en effet les deux yeux sur la balle. Après un premier tri pour détecter les mutations liées aux autres variants préoccupants, il fait du criblage génétique sur la totalité des virus restants pour repérer le Delta. Chaque cas soupçonné est ensuite séquencé au complet.

On peut donc penser que les 35 cas détectés au Québec jusqu’à maintenant offrent un portrait juste de la situation. Un portrait rassurant.

Notre meilleure arme contre le variant Delta, c’est évidemment la vaccination à deux doses.

Le taux de protection bondit de 33 % à 88 % après une deuxième dose du vaccin de Pfizer, et à 60 % pour celui d’AstraZeneca. S’il fallait un autre argument pour aller chercher sa deuxième dose, celui-là est massue.

Ici encore, on peut être rassuré. La campagne de vaccination, on le sait, roule à plein régime. Le fait que les deuxièmes doses d’AstraZeneca et de Moderna soient maintenant disponibles améliore encore le portrait.

Mais il reste un élément susceptible de retarder la deuxième dose chez certains : le délai de huit semaines exigé par Québec après avoir reçu la première.

Le Comité d’immunisation du Québec a fait cette recommandation parce que des études montrent que cela procure une meilleure immunité à long terme. Mais bien des pays utilisent des délais plus courts.

Alors que bien des Québécois sont actuellement mal protégés contre le variant Delta et que plusieurs d’entre eux aimeraient régler leur vaccination avant de partir en vacances, raccourcir le délai de huit semaines amènerait une flexibilité bienvenue. La France vient justement de le faire pour les vacanciers.

Si jamais le variant Delta prend de l’ampleur chez nous, il s’agira en tout cas d’une option à considérer.

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