« Sérieusement, c’est vraiment poche de la part du gouvernement du Canada de faire ça aux athlètes », a déploré le skieur Mikaël Kingsbury dans nos pages, samedi.

Dans ce texte, signé par le journaliste Simon Drouin, l’athlète expliquait qu’il avait décidé d’annuler un entraînement plutôt que d’avoir à se soumettre aux règles les plus strictes de la quarantaine pour la quatrième fois.

On va se permettre de renchérir : c’est vraiment, vraiment poche.

Et en plus, c’est injuste.

Le gouvernement fédéral a annoncé à peu près au même moment qu’il acceptait d’alléger ses exigences de quarantaine pour les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH).

On n’imposera pas aux joueurs des Golden Knights de Las Vegas ou de l’Avalanche du Colorado — qui viendront jouer au Canada sous peu — de quarantaine de 14 jours. Ils auront à respecter d’autres mesures sanitaires.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

L’imposition des règles les plus strictes de la quarantaine aux athlètes olympiques canadiens, « c’est vraiment, vraiment poche, déplore notre éditorialiste. Et en plus, c’est injuste ».

Mais les athlètes olympiques, eux, n’ont pas encore eu droit à de tels accommodements.

Deux poids, deux mesures ? Il n’y a pas de meilleure expression pour qualifier la situation.

C’est un exemple flagrant. Et embarrassant.

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Comprenons-nous bien : les mesures à la frontière sont fondamentales pour limiter l’entrée au Canada de cas de COVID-19 ou de ses variants.

Les athlètes olympiques ne demandent pas la lune. Ils réclament « la permission de faire leur quarantaine dans un environnement d’entraînement protégé tout en respectant toutes les règles des agences de santé publique », nous a expliqué le Comité olympique canadien.

Un peu comme ce qui attend, vraisemblablement, les joueurs de la LNH.

« À moins de 50 jours des Jeux olympiques, il faut que les athlètes s’entraînent, qu’ils poursuivent leur préparation », s’est exclamé, en entrevue, Gaétan Robitaille de l’Institut national du sport du Québec.

Y compris ceux qui doivent quitter le Canada ces jours-ci afin de participer à une activité de qualification pour les Jeux. Or, s’isoler entre quatre murs pendant 14 jours est un sérieux handicap.

Et n’oublions pas non plus ceux qui s’entraînent pour les JO de Pékin, en février prochain. Pour eux aussi, le temps est compté.

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Ajoutons deux ou trois autres éléments qui jouent en faveur d’une plus grande indulgence à l’égard de ces athlètes.

Il y a le fait qu’ils sont vaccinés et qu’un nombre important des Québécois qui participeront aux Jeux de Tokyo ont déjà reçu leur deuxième dose. L’Institut national du sport du Québec s’est donné comme objectif de veiller à ce que deux doses soient administrées à tous les athlètes qui iront au Japon.

Il y a le fait, aussi, que même avant les accommodements offerts aux joueurs de hockey de la LNH, les règles n’étaient déjà pas les mêmes pour tous.

Il existe de nombreuses exemptions à la quarantaine imposée aux voyageurs… autres que les athlètes qui iront nous représenter au Japon ou en Chine.

Le Comité consultatif d’experts en matière de tests et de dépistage a révélé récemment qu’au cours des derniers mois « la plupart des voyageurs (de 88 % à 93 %) entrant au Canada par voie terrestre étaient exemptés des exigences en matière de tests et de quarantaine ».

De nombreux voyageurs qui arrivent par avion bénéficient aussi de ces exemptions prévues, entre autres, pour ceux qui fournissent des services essentiels ou traversent régulièrement la frontière pour travailler.

Des discussions sont en cours avec Ottawa pour trouver une solution de compromis pour les athlètes olympiques. Tant mieux.

Ce qui est dommage, c’est qu’on reste avec l’impression que la situation semble enfin sur le point de débloquer parce qu’on vient de se démener pour les joueurs de hockey de la LNH.

Et que privilégier ces vedettes aux salaires faramineux en continuant d’exiger davantage de sacrifices de nos athlètes olympiques serait tout simplement indéfendable.

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