Alors que les enfants du primaire retournent en classe cette semaine et que ceux du secondaire les suivront la semaine prochaine, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge aurait eu intérêt à avoir une maxime en tête.

Se préparer au pire et espérer le mieux.

Loin de nous l’idée de dramatiser. Il est vrai que les choses se sont relativement bien déroulées dans les écoles à l’automne. M. Roberge a aussi tellement raison de dire que le meilleur endroit pour un enfant, pendant les heures d’école, est la salle de classe. La décision de rouvrir les écoles est la bonne. Idem pour ne pas recourir davantage à l’apprentissage virtuel, qui est moins efficace et qui coupe les élèves de leur milieu social.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alors que les enfants retournent en classe, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge aurait eu intérêt à avoir une maxime en tête : préparer le pire et espérer le meilleur.

Mais le succès passé n’est pas gage du succès futur. Nous commençons l’année avec un fort taux de transmission communautaire. Les tests actuellement réalisés chez les enfants montrent une grande proportion de cas positifs (13 % chez les 0-9 ans, 16 % chez les 10-19 ans). Et certaines études suggèrent que le nouveau variant britannique du virus se transmet mieux entre les jeunes. Bref, on doit être prêt à se faire jouer des tours.

L’est-on ?

Oui, les élèves du primaire porteront leur masque plus souvent. Ceux du secondaire s’en feront fournir de meilleure qualité. La qualité de l’air de toutes les classes sera testée et on promet de fermer les locaux problématiques.

Ces améliorations sont à saluer. Mais d’autres propositions visant à mieux détecter et circonscrire les cas dans les écoles sont encore écartées. C’est malheureux… et un peu inquiétant.

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Les cas, c’est inévitable, se multiplieront rapidement dans le réseau scolaire à partir de cette semaine. Il faudra résister à la tentation de s’alarmer. La plupart des cas attribués à l’école proviennent de l’extérieur et génèrent peu de cas secondaires.

Il faut aussi garder en tête notre objectif collectif dans la lutte contre la COVID-19. Celui-ci n’est pas d’empêcher chaque cas de la maladie, mais de protéger la capacité hospitalière. Or, la presque totalité des enfants qui contractent la maladie s’en sort très bien. Leurs parents échappent aussi largement aux complications graves.

Le nerf de la guerre est donc d’empêcher que les cas dans les écoles ne débordent vers les gens vulnérables. Pour limiter cela, la recette est archiconnue : détecter les problèmes rapidement, puis les circonscrire.

Oui, on revient au bon vieux testage-traçage, le talon d’Achille de Québec depuis le début de la pandémie. Un an après l’arrivée du virus chez nous, il est frustrant de constater qu’on ne dispose toujours d’aucun indicateur pour évaluer le travail des autorités en ce sens.

L’opposition et plusieurs experts proposent de déployer des tests rapides en classe afin d’estimer la prévalence du virus chez les élèves. Des chercheurs de l’Université de Montréal croient même possible d’amener des chiens renifleurs dans les écoles pour y détecter les cas. Le concept est encore à valider, mais imaginez l’intérêt que cela susciterait auprès des enfants !

On a aussi proposé des brigades adaptées au monde de l’éducation pour s’assurer du respect des consignes. Le non-respect des règles de base explique encore bien des problèmes et les données montrent l’importance de mieux protéger les enseignants. Les rares éclosions majeures dans les écoles impliquent en effet souvent ces derniers.

Un meilleur suivi auprès des familles touchées pour s’assurer qu’elles s’isolent aiderait aussi à circonscrire les problèmes.

Garder les écoles ouvertes cet hiver est l’une de nos priorités nationales. Il semble pourtant rester des armes non déployées parmi notre arsenal.

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