En prendre moins, mais en prendre soin… Vous souvenez-vous de cette promesse de la CAQ au sujet de l’immigration ?

La formule, sur le plan sémantique, était plutôt réussie. La teneur de la proposition était pour sa part contestable, mais elle semblait néanmoins, pour beaucoup, tomber sous le sens.

Malheureusement, ce slogan ressemble parfois davantage à une résolution du Nouvel An qu’on prend pour se donner bonne conscience qu’à un véritable changement de cap.

À preuve : une manchette récente du Devoir, selon laquelle les allocations pour l’apprentissage du français offertes aux immigrants ne sont pas toujours versées à temps.

« Les délais de traitement de leur demande d’aide financière en francisation sont cependant si longs que de nouveaux arrivants passent des mois à étudier sans recevoir cette allocation », a-t-on révélé.

Plus d’une dizaine de cas ont été recensés, dans cinq régions du Québec.

La nouvelle a fait rugir l’opposition à Québec.

« Le slogan caquiste devrait dire : en prendre moins, en prendre soin, mais surtout le chèque en moins », a lancé le député libéral Saul Polo lors de la période des questions.

L’argent, on le sait très bien à Québec, est le nerf de la guerre en matière de francisation.

D’ailleurs, il serait injuste de dire que la CAQ n’a rien fait dans ce dossier crucial.

Le gouvernement a bonifié la somme globale qu’on injecte dans les programmes de plus de 50 % il y a deux ans. Tout comme celle qui est spécifiquement accordée à ceux qui suivent les cours pour apprendre rapidement à maîtriser le français.

Les nouveaux arrivants qui apprennent le français à temps plein reçoivent maintenant 200 $ par semaine.

Le raisonnement est le suivant : ils seront ainsi plus enclins qu’auparavant à s’inscrire à des cours de francisation avant d’intégrer le marché du travail à temps plein.

Mais encore faut-il, bien sûr, qu’ils reçoivent cette allocation !

Disons-le : la réaction du ministre Jean Boulet a été la bonne. Questionné au sujet des délais, il a promis de régler le problème « au plus sacrant ».

On va attendre de le voir pour le croire, bien sûr. Le ministère de l’Immigration peut parfois prendre des allures de cauchemar bureaucratique. Ce qu’un ministre veut n’est pas nécessairement ce qui, au bout du compte, va se produire.

Mais à tout le moins, la volonté politique est là.

Il est important de préciser, par ailleurs, que cette volonté va plus loin que la résolution de ce problème de délais.

Le projet de loi 96 (qui vise à moderniser la Charte de la langue française) actuellement à l’étude devrait enfin donner naissance à un guichet unique pour la francisation. Un projet qu’on a tenté d’implanter à quelques reprises au cours des deux dernières décennies, en vain.

À l’heure actuelle, il y a trois portes d’entrée pour les nouveaux arrivants qui souhaitent apprendre le français. Le ministère de l’Immigration, les centres de services scolaires et les organismes communautaires.

C’est trop complexe.

Au fil des ans, on a constaté à de nombreuses reprises que la main gauche ne savait pas toujours ce que faisait la main droite. Le bureau du vérificateur général l’avait d’ailleurs déploré il y a quelques années.

Ce manque de concertation est-il à la source des problèmes actuels dans le traitement des demandes d’aide financière ? Impossible de le savoir pour l’instant. Le Ministère tente encore de faire la lumière là-dessus.

Parce que le Ministère, il faut également le mentionner, est notoirement peu efficace pour suivre sa performance en matière de francisation. Ça aussi, le vérificateur général l’a déjà souligné.

Et ça aussi, il serait temps de le régler « au plus sacrant » !

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