Tout indique que la vaccination des enfants de 5 à 11 ans se mettra bientôt en branle au Québec. Ce serait une excellente nouvelle. Une étape importante qui nous rapprocherait encore plus de notre vie d’avant.

Mais le sujet est sensible. Les parents, de façon très légitime, craignent pour la santé de leur progéniture. Un sondage de l’INSPQ montre que 27 % d’entre eux sont défavorables ou très défavorables à l’idée de faire vacciner leurs jeunes enfants.

Il sera donc important de leur fournir des informations claires. À cet effet, il n’est pas inutile d’effectuer un petit retour en arrière.

Rappelez-vous, au printemps dernier, la confusion qui régnait autour des risques et bénéfices des divers vaccins.

Les politiciens martelaient que le « meilleur vaccin est le premier qui vous est offert ». Mais à Ottawa, le Comité consultatif national sur l’immunisation brouillait le message en conseillant d’attendre les produits de Pfizer et Moderna plutôt que d’accepter le vaccin d’AstraZeneca.

Le Comité sur l’immunisation du Québec envoyait ses propres lignes – qui n’étaient coordonnées ni en temps ni en contenu avec celles d’Ottawa. Le résultat fut un désordre considérable, qui a entretenu la peur des effets secondaires.

On attend actuellement l’approbation de Santé Canada concernant le vaccin de Pfizer-BioNTech pour les enfants de 5 à 11 ans. Le Comité consultatif national sur l’immunisation se prononcera ensuite sur la pertinence de vacciner les enfants. Le Comité sur l’immunisation du Québec fera de même.

Espérons que, cette fois, les agences réglementaires et les comités d’experts coordonneront leurs messages pour éviter la confusion. Les enjeux sont complexes, notamment parce que les risques et bénéfices des vaccins diffèrent chez les enfants et les adultes. Mais il faudra un signal simple, cohérent et transparent.

L’expérience passée doit servir. Les experts savent maintenant que dans le contexte particulier dans lequel nous vivons, leurs écrits ne sont pas seulement lus par leurs pairs. Ils sont aussi scrutés par des citoyens inquiets qui tentent d’y voir clair – et qui ont le droit d’avoir l’heure juste sans devoir s’inscrire à un cours de soir en immunologie pour démêler les signaux contradictoires qui leur parviennent.

On verra quelle analyse feront les experts canadiens des données fournies par Pfizer sur la réaction des enfants à son vaccin. En attendant, voici ce qu’on sait.

Pour les enfants de 5 à 11 ans, Pfizer a testé une dose trois fois plus faible que celle offerte aux plus vieux. Un peu plus de 4500 enfants ont participé aux études. Du lot, 3100 ont reçu le vaccin et les autres, le placebo.

Les données montrent que le vaccin est efficace à 91 % pour prévenir les infections. De façon générale, le vaccin est bien toléré par les petits – encore mieux que par les plus vieux.

Ce qui inquiète le plus, c’est évidemment le risque de myocardites. Ces inflammations du cœur ont été détectées très rarement chez des adultes et adolescents ayant reçu le vaccin à ARN messager. Pendant l’étude, aucun cas n’a été détecté chez les enfants. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas lorsque la vaccination de masse débutera. Le risque de myocardites est d’environ 1 sur 50 000 dans la population générale, et de 1 sur 6500 chez les hommes de 16 à 19 ans, selon une étude israélienne. La taille de l’échantillon ne permet donc pas de déterminer la prévalence chez les enfants de cet effet secondaire sérieux, mais qui reste rare et qui se traite.

À ces risques, il faut opposer ceux que fait courir la maladie sur les enfants. Oui, ceux-ci y résistent mieux que leurs aînés. Mais à la loterie de la COVID-19, certains enfants tirent le mauvais numéro. Ils développent la COVID longue ou l’inquiétant syndrome inflammatoire multisystémique.

Lisez la chronique de notre chroniqueuse Isabelle Hachey à ce sujet

Il faut aussi ajouter les effets indirects (port du masque en classe, fermetures de classe, stress). Et le fait que les enfants non vaccinés représentent le dernier grand bassin dans lequel la COVID-19 peut se propager sans réelle barrière, générant des problèmes pour la société entière.

C’est l’équilibre entre tous ces risques qu’il faut évaluer, puis expliquer aux parents québécois. En s’assurant que la science prévale sur la peur.

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