Les bars pourront rouler au maximum de leur capacité à partir du 1er novembre. Le Centre Bell peut désormais accueillir 21 000 personnes. On peut voir des amis à la maison, au restaurant, au théâtre.

Ça commence à ressembler à la vie normale. Et c’est normal, justement. Les vaccins étaient censés changer les choses. Ils ne sont pas parfaits, mais ils remplissent leurs promesses.

Deux activités continuent toutefois d’être frappées du sceau de l’interdit : la danse et le karaoké. De Paris à Toronto, de Londres à Barcelone, on danse, pourtant. Souvent alors que les taux de vaccination chez la population sont plus bas qu’ici.

Cela soulève des interrogations. À quand l’ouverture des pistes de danse et des karaokés au Québec ? Et selon quelles règles sanitaires ?

Il n’est pas évident de répondre à ces questions. Mais il faudrait au moins se les poser. Quand on a fermé les discothèques du Québec, il y a un an et demi, il n’existait ni vaccin ni passeport vaccinal. Aujourd’hui, le Québec affiche l’un des meilleurs taux de vaccination de la planète. Et le passeport permet de s’assurer que ceux qui fréquentent certains lieux sont immunisés contre la COVID-19.

Évidemment, l’extrême fragilité de notre réseau hospitalier demeure. C’est une variable qui doit être prise en compte. Mais le portrait général a assez changé pour qu’un réexamen s’impose.

Le hic, c’est que l’enjeu ne semble pas apparaître sur le radar des autorités. Le ministère de la Santé n’avait rien à nous dire à ce sujet. L’Institut national de santé publique n’a pas réalisé de travaux et n’a aucune recommandation à formuler sur la question.

On devine que le gouvernement Legault n’a pas une sensibilité particulière pour les raves. Ni, sans doute, pour les soirées pendant lesquelles on mugit les grands succès d’ABBA ou de Mario Pelchat au micro. On comprend aussi que l’enjeu peut paraître futile par rapport à de grandes questions comme la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé.

Mais ce n’est pas cela qui doit guider les réflexions.

Aujourd’hui, des jeunes veulent socialiser et s’amuser autrement que sur des écrans dans toutes sortes de contextes (et Dieu sait qu’ils en ont besoin). Des noctambules trépignent de retrouver un mode de vie. Des propriétaires et des employés de discothèques sont toujours privés de revenus.

On devrait leur apporter des réponses basées sur la science.

Une méfiance justifiée

Précisons qu’il est tout à fait normal que le karaoké et la danse soient les dernières activités à reprendre. Parce qu’elles comportent des risques particulièrement élevés.

Danser et chanter génèrent une grande quantité d’aérosols. Ces activités se déroulent en plus dans un contexte particulier. Les gens sont là pour fêter et se rapprocher. Ils consomment de l’alcool, parfois des drogues. Les barrières tombent vite. Les règles sont difficiles à faire respecter.

Lors des vagues précédentes, les bars et les discothèques ont été de hauts lieux de contagion partout dans le monde. On se souvient tous de l’éclosion qui a provoqué 50 cas de COVID-19 au bar de karaoké Le Kirouac de Québec, en été 2020.

On a donc raison d’être méfiants. Mais au cours des derniers mois, de nombreux pays ont ouvert leurs pistes de danse aux gens majeurs et vaccinés. On cherche encore les manchettes rapportant des évènements de super-propagation et les décisions de refermer.

Rappelons que l’objectif a toujours été de protéger notre système hospitalier. Or, les boîtes de nuit attirent surtout de jeunes adultes déjà peu susceptibles d’être hospitalisés à cause de la COVID-19. Ils le sont encore moins avec le vaccin.

Pour la population, le risque qu’ils contractent quand même le virus en faisant la fête et le refilent à des gens plus fragiles est-il important ? Certaines conditions permettent-elles de minimiser ce risque ? De nombreux pays nous fournissent des exemples à étudier. Des projets pilotes ont été réalisés à Berlin et aux Pays-Bas, dans toutes sortes de conditions. Rien ne nous empêche de lancer les nôtres au besoin.

On nous répète qu’il faut apprendre à vivre avec le virus. L’heure est venue de savoir si on peut se déhancher et chanter sans qu’il joue les trouble-fête.

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