Barack Obama a déjà « invité TOUS les États américains à exiger que les jeunes restent à l’école jusqu’à 18 ans – ou jusqu’à l’obtention d’un diplôme. »

Cette citation est tirée d’un texte rédigé par un politicien québécois, publié en 2016 dans plusieurs journaux de la province.

Ce texte se voulait un vibrant plaidoyer pour « l’école obligatoire jusqu’à 18 ans ou jusqu’à l’obtention d’un diplôme ».

L’auteur ?

Celui qui était alors le chef de la CAQ, ancien ministre de l’Éducation et prétendant au poste de premier ministre : François Legault*.

C’était, à l’époque, une très bonne idée.

Ce l’est encore.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’en était distancé l’an dernier. Pourtant, elle n’a rien perdu de sa valeur ni de sa pertinence. Bien au contraire, puisque la pénurie de main-d’œuvre pousse les employeurs à courtiser les jeunes avec plus d’ardeur qu’auparavant.

Permettez-nous donc, bien humblement, de suggérer qu’il serait bon de mettre cette idée en œuvre rapidement.

La CAQ s’apprête à lancer son opération « dernier droit ». Le parti a l’intention de mettre sur les rails de nouvelles initiatives pendant la dernière année de son mandat.

Le moment serait bien choisi pour modifier la Loi sur l’instruction publique, selon laquelle un jeune doit actuellement fréquenter l’école jusqu’à 16 ans seulement.

Il y a au moins deux très bonnes raisons pour miser sur une telle mesure.

Premièrement, ce serait un symbole fort.

Pas uniquement pour les jeunes, mais pour l’ensemble de la société québécoise, où on ne valorise pas encore assez l’éducation.

Oui, elle est derrière nous, l’époque où Maurice Duplessis disait que « l’éducation, c’est comme la boisson, y en a qui portent pas ça ».

Mais nous en gardons des séquelles.

Et c’est d’autant plus inquiétant que pour répondre aux besoins du marché du travail, posséder un diplôme professionnel, collégial ou universitaire est de plus en plus incontournable. Encore plus qu’en 1988, année où l’école est devenue obligatoire jusqu’à 16 ans.

Deuxièmement, ce changement ferait augmenter le taux de diplomation, si on se fie aux États qui ont déjà agi en ce sens.

Donc dans le contexte québécois actuel – où encore trop de jeunes décrochent –, la question n’est pas de savoir si on devrait mettre de l’avant une telle mesure, mais plutôt pourquoi ça n’a pas déjà été fait !

Précisons ici que l’idée, telle qu’elle est généralement évoquée, n’est pas d’envoyer la police chez les décrocheurs pour les prendre par le collet et les traîner jusqu’à l’école.

Il s’agirait, pour les parents de jeunes qui veulent décrocher avant l’âge de la majorité, de faire une demande de dérogation auprès du gouvernement.

Ceux qui défendent cette mesure estiment d’ailleurs qu’il est important de l’accompagner d’une série d’initiatives complémentaires.

« Déclarer l’école obligatoire jusqu’à 18 ans enverrait certes un message fort, mais il ne faudrait pas en rester là », avait écrit le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dans son livre Et si on réinventait l’école.

Parmi les experts, et à la CAQ, on estime depuis longtemps qu’il faudrait une gamme de mesures d’accompagnement, qui se traduiraient par davantage de moyens offerts à la fois aux jeunes et aux écoles.

Le spécialiste de la persévérance, Égide Royer, en a pour sa part identifié une quinzaine, dont la création d’une « équipe de la réussite » qui accompagne les jeunes qui pensent dérocher avant 18 ans et un suivi individualisé dès le début du secondaire pour les jeunes qui présentent des difficultés (on pourrait notamment mettre à contribution les organismes communautaires qui œuvrent en persévérance scolaire et les enseignants-ressources au secondaire).

Égide Royer milite depuis de nombreuses années pour que l’école soit obligatoire jusqu’à 18 ans au Québec.

En observant ce qui s’est passé là où cette mesure a été implantée – notamment l’Ontario, depuis 2003 –, il estime que ça ferait grimper dès l’année suivant son implantation « de 2 à 3 points de pourcentage » le taux de jeunes qui obtiennent un diplôme au Québec.

On parle donc de 1700 à 2000 jeunes chaque année.

Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

Lisez le texte de François Legault, en 2016 « L’école de 4 à 18 ans : un projet pour le Québec » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion