L’Université d’Ottawa vient d’imposer la vaccination « obligatoire » sur son campus. New York et la Californie l’ont aussi imposée à leurs employés.

On dit vaccination « obligatoire », mais c’est comme dans un contrat : il faut lire les petits caractères…

La vaccination n’est pas vraiment « obligatoire ». Les employés et étudiants ont deux options : soit ils fournissent une preuve de vaccination, soit ils se soumettent à un test de dépistage de la COVID-19 de façon régulière (ex. : une fois par semaine) 1. Aucune personne non vaccinée ne perdra son emploi ou son statut d’étudiant si elle se fait tester régulièrement et respecte toutes les règles sanitaires en vigueur. Des règles nécessaires pour la santé et la sécurité des autres étudiants et employés.

Alors que la quatrième vague vient de commencer, Québec est la première province à mettre en place un passeport vaccinal pour les services non essentiels où les risques de propagation du virus sont élevés (restos, bars, gyms, festivals). On n’a qu’un mot à dire là-dessus : bravo !

On comprend toutefois mal la réticence (ou la lenteur) de Québec – et des politiciens canadiens en général – à imposer la vaccination « obligatoire » pour les employés du secteur public.

On ne parle pas ici de la formule « fais-toi vacciner ou perds ton emploi ». On parle de « fais-toi vacciner ou fais-toi tester régulièrement pour la COVID ». C’est le minimum que les gouvernements devraient exiger de leurs employés après 18 mois de pandémie, un vaccin accessible qui neutralise presque totalement le virus, et une quatrième vague qui s’annonce inquiétante.

Québec utilise cette formule (vaccin ou trois tests par semaine) depuis avril pour certains de ses employés du réseau de la santé (urgences, soins intensifs, pneumologie, oncologie, CHSLD). L’Association médicale canadienne, qui représente les médecins, a demandé la semaine dernière une vaccination obligatoire de type « vaccin ou test régulier ou réaffectation à d’autres tâches » dans le système de santé partout au pays.

Le gouvernement Legault évalue la possibilité de durcir le ton en santé en imposant une véritable vaccination obligatoire. Est-ce possible en pratique avec la pénurie de main-d’œuvre et la fatigue du personnel ? Arriverait-on à un meilleur résultat en élargissant la formule « vaccin ou test régulier » à tout le réseau de la santé ? Québec aura à trancher.

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Après 18 mois, on connaît très bien ce foutu virus. Et on se doute bien de ce qui va arriver cet automne : le variant Delta va se propager très vite, les personnes vaccinées vont être généralement très bien protégées, et les personnes non vaccinées vont représenter la très grande majorité sinon la quasi-totalité des hospitalisations liées à la COVID-19.

On n’a pas le choix de continuer à limiter les risques sanitaires. Le système de santé ne peut pas se permettre de continuer à faire du délestage parce que 10 % ou 15 % des Québécois ne se sont pas fait vacciner. La vaccination « obligatoire » permettra d’éviter de recourir à des mesures plus draconiennes comme un reconfinement.

Depuis le début de la pandémie, on a modulé les règles sanitaires selon le niveau de risque. C’est pourquoi on a vacciné en premier les personnes âgées (elles étaient plus à risque). C’est pourquoi on a imposé des règles sanitaires plus sévères à l’hôpital qu’à l’épicerie. Et c’est pourquoi les personnes non vaccinées auront des mesures sanitaires plus strictes à l’automne : parce qu’elles représentent un risque sanitaire beaucoup plus élevé.

Pour passer à travers la quatrième vague, Québec devra prendre d’autres décisions qui, comme le passeport vaccinal, ne feront pas l’unanimité.

Comme imposer la vaccination « obligatoire » (formule « vaccin ou test régulier ») aux employés de l’État, ainsi qu’aux employés dans les secteurs plus à risque comme la santé, l’éducation et les garderies (les enfants de moins de 12 ans ne peuvent pas se faire vacciner).

Comme donner aux entreprises des consignes claires de santé publique pour le retour au travail. Par exemple, on pourrait permettre aux employeurs d’exiger la formule « vaccin ou test régulier », en plus d’avoir des règles sanitaires plus strictes pour les employés non vaccinés.

On a une bonne idée des dommages que pourrait faire le variant Delta si on ne met pas en place les mesures sanitaires appropriées comme la vaccination « obligatoire ».

Pas besoin d’attendre que la quatrième vague soit à son sommet pour agir.

1 : New York et la Californie demanderont un test par semaine. L’Université d’Ottawa n’a pas encore annoncé la fréquence des tests et les autres mesures sanitaires supplémentaires pour les personnes non vaccinées.

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