Une « alerte rouge pour l’humanité ». C’est l’expression utilisée par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour résumer le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Elle est, hélas, judicieusement choisie, puisque troublante de vérité.

Le diagnostic de ces nombreux experts du climat derrière ce rapport est sans appel.

Il confirme que les tergiversations des dernières décennies face à cette menace existentielle sont en train de mener l’humanité au bord d’un gouffre dont on aurait pourtant tout avantage à se tenir très loin.

On a sonné l’alarme, mais la situation n’a pas cessé de se détériorer.

L’augmentation de la température de la terre par rapport à l’ère préindustrielle devrait atteindre 1,5 °C ou 1,6 °C « au début des années 2030 », estime-t-on désormais.

Et elle pourrait dépasser les 2 °C d’ici 20 à 40 ans.

Les évènements climatiques extrêmes vont forcément continuer à se multiplier.

Incendies historiques, sécheresses exceptionnelles et autres crises écologiques qui font la manchette doivent être vus comme des canaris dans une mine de charbon ; ils nous préviennent que le statu quo est intenable.

La solution, on le sait, n’a rien de sorcier. Pour limiter l’ampleur du réchauffement et de ses impacts, il faut faire chuter nos émissions de gaz à effet de serre de façon substantielle.

Pourtant, au cours des dernières décennies, l’absence de volonté politique a été flagrante d’un bout à l’autre de la planète.

Un bel exemple de fuite en avant.

Ce n’est désormais plus aussi vrai. En prévision de la conférence internationale sur le climat (COP26) qui aura lieu à Glasgow en novembre, plusieurs dirigeants se mobilisent avec un certain dynamisme.

Il faudra « un accord à la hauteur de l’urgence », a lancé lundi le président français Emmanuel Macron.

Il a entièrement raison.

Mais bon, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Les ambitions politiques des dirigeants ne sont pas toujours compatibles avec les efforts qui doivent être consentis pour faire prendre un virage vert foncé à leurs économies.

Disons-le : il n’est pas encore trop tard pour atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris en 2015 et limiter le réchauffement à moins de 2 °C. Mais il faut pour ça deux choses : adopter des cibles ambitieuses et se donner les moyens de les respecter.

Voyons voir, d’ailleurs, comment se positionnera le gouvernement canadien lors de cette conférence internationale.

En avril dernier, les libéraux de Justin Trudeau ont dit miser sur une réduction de 40 à 45 % des gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005.

C’est à la fois moins ambitieux que le plan américain (faire chuter les GES de 50 à 52 %) et que les revendications du Réseau action climat Canada, qui exhorte Ottawa à réduire ses émissions de 60 % d’ici 2030, par rapport à 1990.

Voyons voir, aussi, comment nos élus – qu’ils soient au fédéral, au provincial ou au sein des diverses municipalités – vont faire progresser leurs plans pour s’adapter aux changements climatiques. Le déni n’est plus une option.

La pandémie a démontré que les gouvernements sont encore capables de réagir au quart de tour face à une menace. Puissions-nous les voir réagir bientôt avec autant de fermeté pour lutter contre les changements climatiques.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion