Quel est le comble pour une école ?

C’est d’avoir de moins bonnes notes que ses élèves !

Et vous savez quoi, ça arrive pas mal plus souvent qu’on le pense.

Notre collègue Marie-Eve Morasse a récemment publié un reportage faisant état de la vétusté des infrastructures scolaires à la grandeur de la province.

« Le pourcentage d’immeubles scolaires jugés en bon état a diminué au cours des deux dernières années, passant de 46 % à 44 % », a-t-elle écrit. On parle ici des écoles cotées A (très bon), B (bon) ou C (satisfaisant).

Ça signifie qu’une majorité d’écoles au Québec ont obtenu, à ce bulletin, un D (mauvais : 37 %) ou un E (très mauvais : 19 %).

C’est à la fois catastrophique et indécent.

Et ce n’est pas comme si le problème était récent.

Découvrez le reportage 

En fait, c’est justement parce qu’on a trop longtemps regardé ailleurs qu’on se retrouve aujourd’hui à devoir gérer ce fiasco.

Un rapport du vérificateur général du Québec, publié il y a deux ans, avait révélé que le déficit de maintien d’actifs dans le milieu scolaire s’élevait alors à 4,5 milliards de dollars. Et il augmentait chaque année, alors que les gouvernements successifs se mettaient la tête dans le sable.

Ce n’était pourtant pas sorcier. En matière de gestion immobilière, le Conseil du trésor recommande d’investir chaque année 2 % de la valeur de remplacement des édifices pour le maintien des bâtiments.

Pour les infrastructures du milieu scolaire, ça représente actuellement environ 1,2 milliard d’investissements annuels.

Mais pourquoi faire simple quand on peut se compliquer la vie ? On n’a pas souvent franchi ce cap depuis 2005-2006, avait souligné le vérificateur général en 2019, si bien qu’on s’est magasiné pendant de nombreuses années les problèmes pour lesquels on s’arrache les cheveux aujourd’hui.

On n’arrivera pas à les régler en claquant des doigts.

On a commencé à véritablement tenter de redresser la barre à la toute fin du règne des libéraux. Puis, la CAQ a annoncé des investissements de 8,3 milliards de dollars en trois ans.

C’est plus, nous apprend-on au ministère de l’Éducation, que les sommes consacrées aux infrastructures scolaires au cours des huit années précédentes.

Mais ce n’est tout de même pas suffisant.

Car l’état du parc immobilier est encore pire que prévu, explique-t-on à Québec.

Si le pourcentage d’immeubles en mauvais état a continué de grimper malgré les sommes plus substantielles injectées dans le réseau, c’est entre autres parce que l’inventaire n’avait pas été terminé, nous dit-on.

Des centaines d’écoles ont été ajoutées au bilan global, ce qui a eu pour effet de noircir le portrait (devoir attendre si longtemps avant d’avoir un diagnostic complet de la situation est un double affront !).

Le ministère de l’Éducation estime désormais être en mesure d’inverser la courbe en 2023. À partir de là, le pourcentage d’écoles en bon état devrait, enfin, pouvoir augmenter. Ce ne sera pas trop tôt.

Notons aussi que la CAQ a lancé un grand chantier de construction de nouvelles écoles. Là encore, il était temps.

Mais il reste que le financement actuel ne permet pas encore de donner le feu vert à tous les projets jugés prioritaires pour les centres de services de la province.

Il reste que de trop nombreuses années de laxisme nous mènent à un point où non seulement les rénovations, les projets d’agrandissement et la construction de nouvelles écoles sont urgents, mais coûteront aussi forcément plus cher en raison de la surchauffe dans le secteur de la construction.

Il reste que l’apprentissage des élèves en souffre, bien évidemment.

Et que le rattrapage nécessaire est tel que ce n’est pas de sitôt que nous serons enfin fiers du bulletin de la plupart des écoles du Québec, hélas.

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