« Il faut arriver à identifier des mesures avec lesquelles on va devoir vivre pour plusieurs mois à venir. […] Des mesures qui vont amener une certaine transmission du virus, mais avec lesquelles on va arriver à vivre avec une certaine normalité. »

Ces propos prononcés mercredi par Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal, viennent rappeler une chose : les mesures que nous subissons actuellement en zone rouge sont un coup de frein nécessaire, donné parce qu’on a trop tardé à agir.

Mais ce coup de frein est aussi temporaire. On ignore comment se portera l’épidémie de COVID-19 le 28 octobre, quand les mesures actuelles seront échues. Mais une chose est sûre : il faut commencer à réfléchir au-delà de cette date. Et peu importe les chiffres, il faudra trouver une façon plus durable d’établir certains rapports sociaux tout en minimisant les risques.

C’est le cas des rencontres extérieures.

Pour plusieurs, voir des amis au parc en respectant scrupuleusement la distance réglementaire de deux mètres a représenté l’une des rares soupapes sociales depuis le début de cette épidémie.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Alors que les rencontres extérieures ont toujours été permises, y compris pendant le confinement du printemps, elles sont maintenant interdites en zone rouge.

Les épidémiologistes sont formels : le risque de transmission est alors minime. Quant aux psychologues, ils rappellent que nous avons un grand besoin de sortir de la maison et de voir des gens autrement que sur des écrans.

Or, alors que les rencontres extérieures ont toujours été permises, y compris pendant le confinement du printemps, elles sont maintenant interdites en zone rouge.

On comprend que Québec ait voulu « changer l’environnement social » en mettant le couvercle sur à peu près toutes nos rencontres pendant 28 jours. Il faut aussi dire que les rassemblements dans les parcs ont conduit à de sérieux dérapages au cours de l’été.

Sauf que cette interdiction, qui se justifie temporairement pour « casser » la deuxième vague, n’est pas soutenable à long terme.

Il y a moyen d’encadrer les rencontres à l’extérieur (en fixant une limite stricte sur leur taille, par exemple) sans les interdire.

C’est particulièrement important pour les jeunes. Ils sont beaucoup blâmés actuellement, mais mettez-vous à leur place. On n’a 18 ans qu’une fois. Vivre cette période avec l’école à distance, les bars et les cafés fermés, les activités parascolaires pratiquement interdites et les autorités qui prônent les pratiques sexuelles « où vous êtes seul » n’est pas particulièrement enthousiasmant.

Imposer aux citoyens des mesures dont ils ne comprennent pas le bien-fondé comporte un risque : perdre leur confiance et leur adhésion. Votre médecin aura beau vous prescrire le meilleur médicament, il ne sera d’aucun effet si vous ne le prenez pas. C’est la même chose pour les mesures de santé publique : elles doivent être suivies pour fonctionner.

Or, l’adhésion des Québécois, qui était exemplaire au printemps, semble s’éroder. Un sondage de l’Association d’études canadiennes montre que pas moins de 28 % des Québécois ont l’intention de visiter des amis ou de la parenté malgré les nouvelles consignes. Sans surprise, ce sont les 18-44 ans qui sont les plus délinquants. C’est très inquiétant.

Comme l’a évoqué la Dre Drouin, il serait bon que le gouvernement du Québec nous assure que des mesures plus durables suivront le coup de frein actuellement vécu en zone rouge. Ça rendrait certainement la pilule plus facile à avaler… et les consignes plus faciles à suivre.

« Est-ce qu’on veut jouer au yo-yo ou est-ce qu’on rehausse un peu nos mesures et on arrive collectivement à trouver notre bonheur ? », demande Mylène Drouin.

On ne pourra sans doute pas éviter complètement le yo-yo. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de trouver notre bonheur, même en pleine pandémie.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion