On s’est beaucoup attardé aux élèves du primaire et du secondaire depuis la rentrée. Mais une compilation inédite des données révèle un groupe d’âge bien plus inquiétant : les jeunes dans la vingtaine…

La deuxième vague est-elle à nos portes ? Les prochains jours nous fourniront probablement la réponse.

Mais déjà, une chose semble évidente : la deuxième vague ne ressemblera pas à la première.

On le voit, les cas ne se concentrent plus à Montréal, qui fait même partie des zones vertes. Ils sont plutôt dispersés en région : à Québec, en Estrie, en Outaouais et à Laval.

La transmission, cette fois, vient moins des employés du réseau de la santé : on parle maintenant d’une « transmission communautaire », donc bien plus sournoise.

PHOTO CIRO DE LUCA, ARCHIVES REUTERS

« Le groupe d’âge qui doit maintenant nous inquiéter, c’est celui des 20-29 ans », écrit François Cardinal.

Et enfin, ce ne sont plus autant les aînés qui sont visés ; ce sont plutôt les jeunes qui sont surreprésentés dans les statistiques.

En fait, en creusant un peu les chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), on peut même se demander si les moins de 30 ans ne deviendront pas le cheval de Troie par lequel le virus fera son retour en force au Québec…

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On s’est beaucoup attardé aux élèves du primaire et du secondaire depuis la rentrée, avec raison. Mais une compilation des données officielles faite par La Presse montre que le groupe d’âge qui doit maintenant nous inquiéter, c’est celui des 20-29 ans.

Lors de la première vague, ils représentaient un peu plus de 12 % des cas de COVID-19, presque à égalité avec les 30-39 ans et les 80-89 ans.

Et depuis le 27 août ? Tenez-vous bien : les jeunes dans la vingtaine constituent tout près du quart des infections (23,5 %) !

C’est de loin le groupe le plus représenté dans les données.

Les 30-39 ans suivent à 15,8 %.

Puis les 40-49 ans à 11,3 %.

Tandis que les 80 à 89 ans ne sont qu’à 3,5 % cette fois.

En soi, ce dernier chiffre est une bonne nouvelle. Mais si on ne fait pas attention, les jeunes pourraient bien provoquer les éclosions qui mènent à une autre vague… qui frappera à nouveau les aînés.

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On ne sait pas précisément pourquoi les jeunes dans la vingtaine sont si nombreux à contracter le virus depuis quelques semaines. Mais on peut facilement deviner.

Ils sont généralement – pas tous – plus insouciants. Ils se sentent invincibles. Ils ont une vie sociale souvent plus riche que leurs aînés.

Ils sont aussi plus susceptibles de participer à des partys (voire des open house), de fréquenter des bars, de boire en grande quantité, et ainsi, de multiplier les comportements qui violent les règles sanitaires : poignées de main, accolades, joints et bouteilles qui circulent, etc.

C’est ce qu’on observe actuellement en France, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays où la deuxième vague frappe fort : les jeunes adultes sont les principaux vecteurs de transmission de la COVID-19.

D’où la nécessité de redoubler d’attention collectivement et de rappeler les jeunes à l’ordre. Le plus vite possible.

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Québec devrait penser à relancer des messages de sensibilisation auprès des jeunes en tentant d’aller les rejoindre où ils sont (un indice : ils n’ont pas le câble). Il pourrait aussi resserrer la vis aux jeunes contrevenants.

Mais d’abord, l’INSPQ pourrait ventiler ses chiffres afin de connaître plus précisément le groupe d’âge problématique.

Car, disons-le, le Québec ne brille pas par sa transparence là-dessus : on ne connaît pas l’âge précis des personnes infectées. Il faut donc se fier à des groupes d’âge assez larges (10-19 ans, 20-29 ans, etc.).

Or, il est possible qu’on ne détecte pas, de cette manière, les vrais insouciants : les 15-19 ans, peut-être, qui sont noyés avec les plus de 10 ans ? Ou les 18-22 ans, qui se retrouvent avec des quasi trentenaires ?

Bref, il faut une meilleure représentation des gens infectés, surtout les plus jeunes, afin de bien cibler la sensibilisation. Car on n’aura pas une deuxième chance d’éviter la deuxième vague.

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