Plus que jamais, en pleine crise sanitaire, La Presse fait partie de votre quotidien. C’est pourquoi notre éditorialiste en chef, François Cardinal, vous propose un rendez-vous hebdomadaire, chaque dimanche, pour vous donner la parole, pour savoir comment vous traversez cette situation exceptionnelle.

Y aura-t-il un avant et un après COVID-19 ?

Je vous ai posé la question et clairement, vous aimeriez que la pandémie ait au moins ça de bon : nous faire suffisamment réfléchir pour qu’on s’en sorte transformés, grandis, changés à jamais.

Bien sûr, vous êtes plusieurs à ne pas y croire. Comme Robert Delorme, qui souligne qu’on prétendait qu’un monde nouveau jaillirait après le Viêtnam, la chute du mur et les tours jumelles.

« Les hommes retrouveront leurs habitudes d’avant : courir au boulot, consommer tout autant, être sédentaire, se figer devant Facebook, oublier son vieux solitaire placé dans une résidence et envier son voisin. »

Mais une majorité de lecteurs osent tout de même croire à des changements, petits et grands.

Il y a ceux qui pensent à des gestes du quotidien. Ils se laveront beaucoup plus les mains. Ou cesseront carrément d’embrasser ceux qu’ils croisent. « Ce sera désormais uniquement pour ma famille proche, mon conjoint et mes enfants », promet Ginette Gaudette.

Il y a ceux qui remettent en question des choix de vie. Ils envisageaient de déménager dans une résidence pour aînés, par exemple, mais les risques de contamination leur ont enlevé l’envie. Ou ils ne veulent tout simplement plus se « donner à l’ouvrage » comme avant la crise.

« À moins de 15 mois de mes 65 ans, j’ai été sacrifié par mon entreprise, confie Alain Gobeil. Premier à sortir et probablement jamais rappelé. Pourquoi ai-je donné mes meilleures années d’expertise ? Plus jamais pareil ! »

Mais s’il y a un mot qui revient constamment dans vos courriels, c’est « local ».

Vous êtes vraiment nombreux à rêver à des changements d’habitudes, de routines, de comportements avec en tête une attitude plus locale, moins globale.

« Cette crise nous démontre notre vulnérabilité et notre besoin de viser une forme d’autosuffisance alimentaire, estime Nicole Loiselle-Sanschagrin. Songer à agrandir le potager estival, à utiliser une portion du chauffage de nos résidences pour alimenter une petite section de la maison consacrée à la culture intérieure hivernale, hydroponique par exemple, et ainsi réduire notre dépendance aux approvisionnements venant de l’extérieur tout en encourageant les productions locales.

Mais ce sont surtout vos habitudes de consommation qui ne seront plus les mêmes, si on se fie à vos courriels. Vous allez mieux choisir les commerces qui méritent votre argent. Et être plus soucieux de la provenance des produits que vous consommez.

« J’achète déjà local, mais pas suffisamment, donc plus de carte Costco, précise Lisane Chouinard-Bédard. J’enjoins aussi à ceux qui achètent chez Amazon ou dans les grandes chaînes comme Walmart de penser à nos commerces québécois. C’est peut-être plus cher, mais si nous les encourageons tous, ils pourront baisser leurs prix. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Certains, comme Yann Bertin, espèrent que les commerçants s’ajusteront également. « Depuis cette semaine, un boulanger se déplace jusqu’à notre quartier. On peut enfin aller chercher notre pain à pied ! Il va de soi que si ce commerçant continue à venir jusqu’à nous après le confinement, il deviendra notre boulanger, comme ces petits producteurs qui viennent dans le stationnement d’un restaurant de quartier pour écouler leurs produits frais. »

Et plusieurs d’entre vous croient même que le tourisme sera transformé à jamais.

Moins de longues distances. Moins de longs vols confinés dans un petit habitacle par centaines. Moins de risques, ainsi, et moins de gaz à effet de serre.

« Fini les voyages. Fini aussi les “tours de machine” inutiles qui consomment de l’essence pour rien. On cherchait une façon de s’attaquer aux changements climatiques : eh bien, la pandémie nous donne un sérieux coup de pouce ! », croit Donald Woolgar.

Est-ce que tout ça va se faire ? Peut-être pas. Mais c’est un souhait pour plusieurs d’entre vous. Une sorte de résolution du Nouvel An, mais pour le « nouveau normal » qu’on retrouvera forcément un jour, de l’autre côté du pic.

« J’espère que nous ne retournerons pas à l’ancienne normale, écrit Susie L. Sicotte. J’espère un monde meilleur où l’altruisme règne. Faire plus avec moins. Penser à l’environnement. Profiter davantage de bons moments avec la famille et les amis. On achète moins, on recycle plus. Ce qu’on achète, on le fait localement en encourageant les industries et les commerçants locaux. On marche plus, on utilise moins la voiture lorsque possible. »

« Utopique ? Peut-être, conclut-elle. Mais permettons-nous d’y rêver. Ça va bien aller !  »

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