L’incontournable cône orange de Montréal, le joint, l’oléoduc Trans Mountain, la pancarte de Greta… en tout, huit objets qui ont marqué l’année 2019, choisis par nos éditorialistes.

Le cône orange

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

L’avez-vous vu apparaître en novembre, entre les cheminées du vieil incinérateur de déchets à Rosemont ? Il oscillait dans le vent, le brave petit cône, suspendu entre deux cordes au-dessus de la métropole dont il est devenu la mascotte mal-aimée. Cette année encore, les rues de Montréal ressemblaient à un stationnement. C’était d’ailleurs le seul stationnement où les gens réussissaient toujours à se trouver une place. La mairesse Valérie Plante l’a reconnu sans détour : malgré ses promesses, la mobilité ne s’améliore pas. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait sa faute – la majorité des gros chantiers sont gérés par le provincial. Peu importe le coupable, les cônes orange poussent encore comme de la mauvaise herbe.

— Paul Journet

Le chapeau de cowboy

PC

Justin Trudeau à Calgary, en juillet dernier.

Comment séduire un Albertain ? Justin Trudeau a essayé une fois de plus le chapeau de cowboy en juin dernier au Stampede de Calgary, sans oublier de virer les habituelles crêpes pour les caméras. Sans surprise, les Albertains n’ont pas cru au déguisement. Ce qu’ils veulent : moins de réglementation environnementale et plus d’oléoducs. Le chapeau de cowboy n’est pas le seul signe distinctif de nos concitoyens de l’Ouest. Ils portent aussi désormais la casquette, plus précisément des modèles avec les inscriptions « Westxit » ou « Make Alberta Great Again ». Le second mandat Trudeau portera sur l’unité nationale, avec un souci de ce qui se passe autant à l’est qu’à l’ouest de la rivière des Outaouais.

— Paul Journet

Le joint

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Regardez bien ce joint. À partir du 1er janvier, vous n’en verrez plus dans les mains d’un jeune adulte de 18, 19 ou 20 ans. Pourquoi ? Parce que le gouvernement caquiste leur en interdira la consommation. Aussi simple que cela ! Par magie, les jeunes cesseront alors d’en consommer. Trop beau pour être vrai ? C’est en effet ce que croient les experts en santé publique. Malgré tout, les caquistes ont passé l’année à dire qu’il suffisait d’interdire le pot pour en faire cesser la consommation. C’est en toute sobriété que le ministre responsable, Lionel Carmant, a échafaudé une théorie qui étonnera le crime organisé : la prohibition empêche les jeunes d’acheter de la drogue. Rendez-vous dans quelques semaines dans un cégep près de chez vous pour sentir l’air pur de notre nouvelle société sans drogue.

— Paul Journet

La pancarte de Greta Thunberg

AP

Cette année, les petits Québécois ont appris trois mots de suédois : « Skolstrejk för klimatet ». L’expression, qui signifie « grève scolaire pour le climat », apparaissait sur la désormais célèbre pancarte de la militante écologiste Greta Thunberg. Le 27 septembre, une foule immense – entre 300 000 et 500 000 personnes, selon les estimations – a marché dans les rues de Montréal pour réclamer de l’action. Toutes les formations politiques, à l’exception des conservateurs, y participaient. Quelques jours plus tard, toutefois, les libéraux et caquistes plaidaient le « pragmatisme »… Mais les jeunes ont poursuivi sur leur élan. À la dernière Halloween, un des costumes les plus populaires était celui de Greta avec sa fidèle pancarte. Qui a dit que la nouvelle génération était égocentrique et blasée ?

— Paul Journet

L’oléoduc

REUTERS

Il a été au cœur des dernières élections fédérales, le fameux oléoduc Trans Mountain, acheté par Justin Trudeau. Ce dernier espérait couper la poire en deux entre les demandes de l’Alberta, qui veut exporter son pétrole outre-mer et les préoccupations environnementales du reste du pays. Contesté par plusieurs groupes, l’agrandissement de cet oléoduc qui relie Edmonton à Burnaby est venu hanter Justin Trudeau lors de tous les débats électoraux. Du bonbon pour ses rivaux, autant à droite qu’à gauche. Le même oléoduc devrait encore l’empêcher de dormir au cours de son nouveau mandat. Les travaux d’expansion, retardés depuis 10 ans, viennent tout juste de commencer en décembre et doivent s’échelonner sur les deux prochaines années. Quand on regarde dans notre boule de cristal, on voit encore pas mal de récriminations, de manifestations et d’actes de résistance autour de cet oléoduc qui fait couler plus d’encre que de pétrole.

— Laura-Julie Perreault

Le journal

PC

Ah ! Pauvres journaux ! Ils ont eu la vie dure en 2019. En France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et chez nous, les quotidiens régionaux ont été particulièrement nombreux à se mettre à l’abri de leurs créanciers. Si certains ont fermé leurs portes, d’autres ont été sauvés in extremis. Et pas toujours par leurs plus fidèles lecteurs. En France, de nombreux politiciens de droite se sont abonnés au journal communiste L’Humanité pour lui éviter de couler. Au Québec, même Pierre Karl Péladeau s’est montré intéressé par l’avenir des quotidiens du Groupe Capitale Médias, mais finalement, c’est le modèle coopératif qui a été retenu. 2019, c’est aussi l’année où le gouvernement provincial a décidé de se lancer à la rescousse de la presse écrite. Le gouvernement fédéral, lui, se fait attendre. On espère que le nouveau ministre du Patrimoine Steven Guilbeault a mis le sort des journaux dans le haut de sa liste de Noël.

— Laura-Julie Perreault

Le téléphone

AP

Un simple coup de fil mettra-t-il fin abruptement à la présidence de Donald Trump ? Probablement pas, puisque ce sont les républicains (au Sénat) qui auront le dernier mot dans le cadre de la procédure de destitution. Mais ledit coup de fil, donné au président ukrainien Volodymyr Zelensky en juillet dernier, illustre à merveille ce qu’il y a de pourri à la Maison-Blanche depuis que Donald Trump y habite. Les témoins interrogés à la Chambre des représentants au cours de l’automne l’ont confirmé : le président américain se moquait du sort de l’Ukraine comme de l’an 40. Ce qui intéressait avant tout ce politicien narcissique, c’était… lui-même, bien sûr. Et pour lui, la fin (être réélu) justifiait les moyens, même si ceux-ci étaient indignes du comportement du président de la première puissance mondiale.

— Alexandre Sirois

La combinaison spatiale

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Celle de David Saint-Jacques, vous l’aviez deviné ! Il aura passé près de six mois (204 jours) dans l’espace et fait 3264 fois le tour de la Terre. La plus longue mission spatiale pour un astronaute canadien. Mais ce n’est pas seulement parce qu’il a battu des records qu’il passera à l’histoire, à nos yeux, comme l’un des héros de l’année 2019. C’est qu’il nous a prouvé, comme une poignée d’autres Québécois avant lui, que nos rêves peuvent devenir réalité. Même les plus fous. C’est aussi qu’il fut – et restera, on l’espère – un ambassadeur extraordinaire pour la science. Son impact sera mesurable, c’est sûr. Au cours des prochaines décennies, d’autres Québécois remarquables diront assurément, lorsqu’on les interrogera sur leurs succès, avoir été inspirés par ceux de David Saint-Jacques.

— Alexandre Sirois

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