Il a raison, Edward Snowden, de dire que « le travail n'est pas fini ».

Deux des « anges gardiens » qui l'ont hébergé à Hong Kong en 2013 viennent d'obtenir le statut de réfugié au Canada. Vanessa Rodel et sa fille Keana sont arrivées au pays lundi (et à Montréal hier). Elles étaient... aux anges ! Mais cinq autres « anges » sont toujours en attente d'une décision de la part des autorités canadiennes.

Pour eux, le temps presse, estime le collectif d'avocats montréalais qui les représentent.

Ils étaient persécutés dans leur pays d'origine, le Sri Lanka, et sont victimes de représailles à Hong Kong pour avoir offert de l'aide à Edward Snowden.

Et si le Canada ne tranche pas rapidement dans ce dossier, leurs tourments ne vont pas seulement se prolonger, ils vont s'accentuer.

La demande d'asile de quatre de ces cinq ressortissants sri-lankais (dont le père de Keana, son demi-frère et sa demi-soeur) a déjà été rejetée par Hong Kong et ils en sont à la toute dernière étape du processus, celle du contrôle judiciaire. Ils peuvent donc être expulsés très bientôt vers leur pays d'origine. Leur offrir l'asile au Canada par la suite deviendrait forcément plus complexe.

Le cinquième ressortissant sri-lankais n'a pas, pour sa part, épuisé tous ses recours. Mais il est celui qui court le plus grand risque s'il remet les pieds dans son pays natal. Il est considéré comme un déserteur par l'armée et sera dès son retour arrêté et torturé, selon un des avocats responsables du dossier.

Il faut espérer que les autorités canadiennes se rendent compte de l'urgence de la situation et traiteront en priorité les dossiers de ces cinq demandeurs d'asile qui sont parrainés - et soutenus financièrement - par un organisme sans but lucratif (For the Refugees) créé par une poignée d'avocats montréalais qui ont beaucoup de mérite.

Notons que le ministre de l'Immigration du Canada peut lui-même intervenir pour réclamer le traitement accéléré de certains dossiers. Il aurait tout avantage à utiliser ce pouvoir exceptionnel s'il s'avère nécessaire pour empêcher l'expulsion de ces cinq ressortissants vers le Sri Lanka.

Cela étant dit, même si on fait pression sur nos élus, reconnaissons que les autorités canadiennes ne sont pas restées les bras croisés dans ce dossier.

Soulignons plutôt avec satisfaction que le Canada est à nouveau venu à la rescousse de migrants opprimés et persécutés en accordant l'asile à Vanessa Rodel et à sa fille.

Le geste est d'autant plus honorable que le dossier demeure explosif. Donald Trump a déjà qualifié Edward Snowden de « traître » qui ne mérite rien de moins que la peine de mort. Si les autorités américaines lui mettent la main au collet, il risque de moisir en prison pendant quelques décennies.

Interviewé lundi par la journaliste de Radio-Canada Anne-Marie Dussault, Edward Snowden a d'ailleurs fait l'éloge du Canada et remercié Justin Trudeau « de ne pas s'être ingéré pour empêcher ce dossier d'aboutir ». En ce sens, la suite logique serait de permettre aux autres « anges gardiens » de trouver refuge rapidement, eux aussi, au Canada.

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