Bon, ce qui fait office de « test des valeurs » n’est pas la catastrophe annoncée, finalement.

Il y avait bien des raisons de s’inquiéter, car la CAQ a la vilaine habitude de jouer la carte identitaire pour se faire du capital politique sur le dos des immigrants.

On l’a vu avec la loi sur la laïcité, qu’il aurait été si simple de limiter aux agents qui incarnent l’État sans ajouter les enseignants.

On l’a vu avec la baisse temporaire des seuils d’immigration, une solution populiste qui ne règle absolument aucun problème.

Et on l’a vu encore, au fil des ans, avec les sorties surréalistes de ce parti sur l’interdiction du burkini et du bonjour-hi.

Facile, donc, d’agir par réflexe en vilipendant le « test des valeurs » du gouvernement Legault en l’accusant de se mettre à nouveau les mains dans la vase des marécages identitaires. Mais il faudrait être de mauvaise foi pour l’attaquer ainsi, ayons l’honnêteté de le dire.

D’abord, il faut se rappeler qu’un certain Parti libéral du Québec, cette même formation déjà qualifiée de « multiculturaliste extrême », a lui aussi implanté un contrat moral sur les valeurs québécoises pas plus tard qu’en 2008, alors que Yolande James était ministre de l’Immigration.

Ce n’était pas un test comme tel, mais une « déclaration sur les valeurs communes de la société québécoise » que les nouveaux arrivants devaient signer pour que leur candidature soit acceptée. Et on y retrouvait sensiblement les mêmes « valeurs » que dans le test caquiste : égalité hommes-femmes, pluralisme, primauté du droit et aussi laïcité !

Et qu’ont dit les critiques à l’époque ? En gros, que la déclaration libérale était inutile et électoraliste.

On peut donc se désoler que le gouvernement Legault ait consacré temps et énergie à pondre un test qui ne changera pas grand-chose, disons-le.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

François Legault et Simon Jolin-Barrette

Il y aurait eu tellement d’enjeux à mettre en priorité avant cela. Mais difficile de traiter la mesure de raciste ou de xénophobe, convenons-en.

Surtout que l’« attestation d’apprentissage des valeurs démocratiques et des valeurs québécoises » présentée hier est loin de la première mouture du mal nommé « test des valeurs ».

L’exercice est maintenant prévu en amont de l’arrivée au Québec, non plus en aval. Rappelons-nous qu’au départ, l’idée était de faire passer un test aux immigrants trois ans après leur installation ici… sous peine d’expulsion en cas d’échec.

Hier, le ministre Simon Jolin-Barrette a plutôt détaillé un simple test en ligne à passer avec succès, à défaut de quoi les participants auraient à assister à une formation de 24 heures sur les valeurs québécoises. Pas de quoi fouetter un chat.

D’ailleurs, on n’est pas très loin de « l’examen de citoyenneté » qui doit être obligatoirement passé pour immigrer au Canada. Un examen qui porte sur les droits et responsabilités des Canadiens ainsi que sur l’histoire, les lois et les symboles du pays.

Pas étonnant que Justin Trudeau ait assoupli sa position sur le test caquiste maintenant qu’il respecte la compétence québécoise en immigration.

Que l’on soit d’accord ou non avec les mesures identitaires de la CAQ, une chose demeure : l’immigration est une voie à double sens. La société d’accueil a une responsabilité, le nouvel arrivant en a une lui aussi.

L’attestation d’apprentissage des valeurs québécoises respecte ce principe.

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